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CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES (GÛZEN TO SÔZÔ 偶然と想像) – Hamaguchi Ryûsuke
Quelques années après Asako, Hamaguchi réalise Contes du hasard et autres fantaisies, qu'il explique avoir envisagé comme un recueil de nouvelles. En effet, le film est monté à la manière d'un triptyque, où les thèmes du titre sont interrogés à travers trois courts-métrages sans lien apparent. S'il fait preuve d'une rigueur toute formelle dans son scénario et sa mise en scène, l'exercice de style ne convainc pas toujours et pointe les limites d'un cinéma qui peine à muter depuis deux ans.
VERS L'AUTRE RIVE (KISHIBE NO TABI 岸辺の旅 – Kurosawa Kiyoshi, 2015)
Six ans après la première vision de Vers l'autre rive, le regard a muté, sans doute influencé par (les ravages d') une thèse et la meilleure appréciation d'une culture. Malgré le souvenir des déceptions qu'il avait suscité à sa sortie, ce long-métrage trouve parfaitement sa place dans la filmographie du cinéaste. Ses réflexions sur le couple et la mort, sa relecture du deuil et du fantôme suscitent une émotion plus grande, parfois enrichies par certaines spécificités culturelles.
Les films de Kôji Fukada s'éclairent les uns les autres comme ces autres filmographies kaléidoscopiques – celles d'Éric Rohmer, influence majeure sur Au Revoir l'été, d'Hong Sang-soo dans cette même filiation, ou encore de Yasujirô Ozu. Hospitalité, l'un des premiers longs-métrages de Fukada, sort en France plus de dix ans après sa réalisation. Dans le calendrier des sorties, il succède à d'autres œuvres réalisées après-coup, et au succès justifié, d'Au Revoir l'été au Soupir des Vagues, en passant par Harmonium, Sayonara ou L'Infirmière. Hospitalité complète cette filmographie plus qu'il ne l'innove car il doit son intérêt au geste rétrospectif qu'il engage, réaffirmant des motifs narratifs et esthétiques déjà éprouvés.
Pour cette année qui nous a chamboulés, qui a vu les salles se fermer et les écrans d'intérieur s'illuminer, pas de traditionnel top. Ni l'envie ni l'intérêt ne furent présents pour s'engager à comparer, classer, hiérarchiser. Les années précédentes, j'élaborais toujours mon top avec un grand plaisir, aimant replonger dans mes souvenirs des salles obscures et me remémorer les expériences cinématographiques. Cette fois-ci, l'ombre et les lumières n'ont pas dansé, les voisins de rangées ont été absents, et les réels souvenirs de cinéma n'existent que faiblement dans ma mémoire. Je ne voyais pas d'intérêt à raviver ces bribes qui me rendent amère plus qu'enthousiaste.
Pourtant, je tenais à partager la découverte de certaines œuvres, la plupart vues en intérieur, dans un usuel bilan annuel. A la place du top figure donc un abécédaire de séries, films et courts-métrages asiatiques qui ont émerveillé le regard, fait crépiter le cerveau ou apporté un fin plaisir entre les instants difficiles.
Une liste donc, dans l'ordre alphabétique et laissée au bon jugement de mes quelques lecteurs.
Belle et heureuse année 2021 à toutes et à tous. Qu'elle nous permette de revenir en douceur vers nos habitudes cinéphiles et nous apporte émotion et réflexion.
Inédit en France, Pink and Gray adapte le roman éponyme de la pop idol Shigeaki Katô, qui s'inspire de l'univers médiatique dans lequel il évolue pour son histoire. Débutant de manière classique à la manière d'un seishun eiga (青春映画 - littéralement film sur la jeunesse, mais aussi film initiatique), le film suit l'évolution contrastée de deux amis d'enfance, de l'invisibilité vers la gloire. Le drame à l'ouverture – le suicide de la star Rengo, imposé sans ménagement à l'écran – cache bien plus que ces premiers éléments de scénario.
Au milieu du film, l'infirmière admire les Tournesols mourants de Mondrian au musée, puis discute de ce plaisir esthétique avec la cible de sa vengeance. Le mouvement de décrépitude, de fusion comme de renaissance compris dans ce premier tableau fait écho à l'itinéraire du personnage principal : une femme indépendante professionnellement et proche de l'accomplissement personnel, dont le destin est soudainement bouleversé par une rencontre infortunée (et aux conséquences mystérieuses).
Projeté en avant-première au Kyôto Historica Film Festival, actuellement dans la programmation du Kinotayo Festival en France, Katsuben ! propose de revisiter l'histoire du film muet à travers la figure emblématique du benshi, mais aussi sous le ton dominant de la comédie. Cette association donne au film sa singularité et son dynamisme, mais n'échappe à quelques poncifs dominants dans le cinéma japonais commercial actuel.
La Vérité (Shinjitsu 真実 , 2019) - Hirokazu Koreeda
En situant l'action de son nouveau film dans le pays du cinéma, Hirokazu Koreeda s'essaye pour la première fois à l'expérience internationale . La proposition faisait peur sur le papier, risque d'un énième rapport faussé à une culture incomprise, à une langue non maîtrisée. Pourtant, La Vérité trouve un équilibre par la justesse des interprétations comme l'entretien des valeurs usuelles et chères à son cinéma. Mais l'approche de la France témoigne aussi des limites dans la construction d'un film dans le film sans grande personnalité.
ASAKO I & II (寝ても覚めても NETEMO SAMETEMO, 2018) - Ryûsuke Hamaguchi
A travers son absurde histoire de sosie, le nouveau film de Ryûsuke Hamaguchi suit, entre cruauté et légèreté, les variations amoureuses vécues par son héroïne. Après le profond Happy Hour, le cinéaste japonais signe un film charmant en apparence, mais d'une vertigineuse complexité.