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animation japonaise

  • Mary et la fleur de la sorcière

    Un dernier p’tit tour de magie et puis…

     

    MARY ET LA FLEUR DE LA SORCIÈRE (メアリと魔女の花 MEARI TO MAJO NO HANA, 2018) - Hiromasa Yonebayashi

    Lors de la sortie du film au Japon, Hiromasa Yonebayashi avait déclaré que son dernier opus reflétait la situation du studio Ghibli. La cessation des activités de ce dernier entraînait la disparition d’un certain univers, merveilleux, magique, absence avec laquelle il fallait maintenant composer. De fait, la vision de Yonebayashi sur cette situation prenait corps à travers une jeune fillette se rêvant sorcière, et traversée par cette question emblématique : “que fait-on quand la magie n’est plus là ?“ Pourtant le cinéaste évite plus le problème qu’il ne l’élude durant son troisième long-métrage. Le “que fait-on” reste toujours aussi palpable sur ce film qui se veut, plutôt qu’une réelle proposition, d’abord un héritage et un hommage au studio.

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  • Fireworks

    Feux d’artifice mais pétards mouillés

     

    FIREWORKS (打ち上げ花火、下から見るか? 横から見るか? UCHIAGE HANABI, SHITA KARA MIRU KA? YOKO KARA MIRU KA?) - Akiyuki Shinbo, Nobuyuki Takeuchi

    Parfois on ne pardonne pas le mauvais goût de beaucoup. Ma sidération fut grande face au dernier choix de distribution d’Eurozoom - qui jusque là s’était rarement trompé - et elle fut béante face au bon accueil de ce film d’animation par une partie de la critique française. Est-ce à dire que l’étiquette japanimation permet maintenant d’accepter tout et n’importe quoi, en particulier depuis que les studios Ghibli ont brisé la glace d’une mauvaise réputation longtemps prédominante ?

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  • Entretien avec Keiichi Hara

    « J'aime beaucoup ceux qui choisissent d'être solitaires »

     

    ENTRETIEN AVEC KEIICHI HARA

     

    L'année 2017 était aussi celle des 100 ans de l'animation japonaise, déjà célébrés en France par des invités prestigieux à la Japan Expo et de nombreuses sorties en salles, souvent assurées par le distributeur Eurozoom. Le Forum des Images clôtura avec brio la commémoration et laissa la place belle aux créations du continent nippon. Mais surtout l'institution convia le cinéaste Keiichi Hara en tant qu'invité d'honneur.

    Après une longue carrière dans la série télévisée, où, il fut notamment assistant sur Doraemon et réalisateur de Crayon Shin-chan, Keiichi Hara réalisa trois longs-métrages très personnels remarqués dans les festivals d'animation. Tout d'abord, Un Eté avec Coo (2007), d'après Masao Kogure et Yuichi Watanabe, conte l'amitié entre un jeune garçon réservé et un kappa sans famille. Trois ans plus tard, Colorful, adaptation du roman éponyme d'Eto Morio, suit le retour à la vie de Makoto, dont l'âme s'est réincarnée chez un adolescent suicidaire. Enfin, Miss Hokusai (2015), s'inspire du manga d'Hinako Sugiura et porte le point de vue d'O-Ei, fille d'Hokusai et artiste sous la période Edo. Entre les deux derniers films, il est important de préciser que le réalisateur eut un passage du côté du film live : Hajimari no michi, un biopic sur Keisuke Kinoshita en 2013.

     

    J'eus la chance de m'entretenir, durant un peu plus d'une heure, avec ce réalisateur très réfléchi et ouvert. A quatre autour d'une table au 7ème bar – M. Keiichi Hara, sa femme qui l'avait accompagné, la traductrice Shoko Takahashi et moi-même – nous commençâmes une discussion sur son style, ses inspirations, sa vision du Japon.

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  • Critique de Dans un recoin de ce monde

    Peindre l'ordinaire

     

    DANS UN RECOIN DE CE MONDE (KONO SEKAI NO KATASUMI NI この世界の片隅に) – Sunao Katabuchi

     

    Le dernier-né de Sunao Katabuchi marque par la densité de sa construction. La récitation en voix-off est soutenue, le récit riche en protagonistes et anecdotes. Fort logique, puisque Dans un recoin de ce monde est porté par l'ambition de raconter la moitié d'existence d'une jeune Japonaise sous la Seconde Guerre Mondiale, entre rencontres, petits comme grands événements. Mais cette intention honorable est parfois desservie par un travail d'écriture et d'animation inégal et désarticulé.

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  • Critique de la série animée Haikyū !!

    Légèreté

     

    HAIKYŪ !! (ハイキュー!!, 3 saisons, 2014 - 2016)

    Réalisé par Susumu Mitsunaka

    Production I.G

    D'après le manga d'Haruichi Furudate

     

    L'efficacité d’Haikyū !! ne se niche pas dans l'ambition hystérique ou la performance sakuga généralement propres aux animes de sport. La série adaptée du manga d'Haruichi Furudate fait le pari de s'écarter de certains codes et de rester proche de genres plus tranquilles comme le slice of life ou même le josei par les accents mis sur la recherche identitaire. L'intérêt de la compétition ne reste pas en retrait, loin de là, mais une place très importante est accordée à la psychologie de groupe et à la vie quotidienne de notre équipe de volley-ball. Le plaisant équilibre qui se joue donc entre scènes d'action et scènes de réflexion comme d'humour confère à Haikyū !! son aspect fort attachant.

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  • SWORD ART ONLINE / HIRUNE HIME / YOKAI WATCH

    3 FILMS D’ANIMATION JAPONAIS

     

    2017 ne fut guère la meilleure année pour les productions venues du Japon. Retour sur trois d’entre elles, distribuées par Eurozoom.

     

    SWORD ART ONLINE : ORDINAL SCALE (ソードアート・オンライン -オーディナル・スケール-)

    Tomohiko Itō

    swordart.jpg

    Sans rien connaitre de la série initiale à laquellet il fait suite, je suis allée voir avec curiosité ce Sword Art Online Ordinal Scale fort populaire dans son pays. Situé dans un Japon futuriste, le film suit le retour à la vie d’une poignée de jeunes personnages s’étant retrouvés piégés pendant plusieurs mois au sein d’un jeu virtuel mortel. Mais la réalité, transformée durant leur absence, n’est pas non plus à l’abri des dérives technologiques. Une nouvelle machine fait en effet son apparition, et propose un concept de réalité virtuelle augmentée dans la vraie vie.

    Une fois de plus, le même refrain s’est glissé dans ma tête d’animephile : pourquoi diable soumettre un récit potentiellement riche sur la question du jeu vidéo et de l’invasion virtuelle aux poncifs du genre ? Car Swort Art Online est l’exemple même d’une production alléchante sacrifiée aux tendances du moment. Un peu à l’instar des adaptations de super-héros pour Hollywood, les derniers films d’action d’animation japonaise déçoivent à rebattre les mêmes astuces de mise en scène des batailles, les mêmes conclusions scénaristiques, et les mêmes personnages peu ambigus – en outre souvent doublés par les voix de seiyuu connus. Sword Art Online, en l’occurrence, s’adonne au faux plaisir du lieu commun par une dernière partie de film au gigantisme ronflant, où les batailles contre les monstres s’accumulent, et, pire encore, où le personnage masculin prend plaisir à sauver ses conjointes féminines. L’escalade vers ce final s’explique notamment par la vacuité des protagonistes principaux, des adolescents sans grandes singularités…

    La tournure conventionnelle du film est en outre à regretter au vu de la très bonne qualité d’animation, assurée par le studio A1-Pictures – à l’origine de quelques séries remarquables comme leur adaptation d’Ao no exorcist ou le très perturbant Shinsekai yori. Tomohiko Itō retrouve les collaborateurs de la série d’origine, et sont notamment appréciables le soin tout particulier porté aux décors urbains (Takayuki Nagashima), de même que des effets spéciaux numériques très élégants dans la représentation du monde virtuel (Ryuta Undo, qui avait notamment travaillé sur le visuel de quelques épisodes du Paranoïa Agent de Satoshi Kon). Les premières scènes de bataille dans la ville impressionnent grandement, notamment parce qu’elles jouent sur la dualité entre la réalité et la réalité augmentée de la nouvelle machine. Là se situe le second regret du film, dans ce détail de perception travaillé sur le premier tiers puis vite délaissé dans un souci de conformation aux enjeux de l’action. Pourtant, dans ce concept de réalité augmentée proposé par Sword Art Online pointaient des réflexions très intéressantes. Les personnages s’enfermaient dans une immédiateté du commentaire et d’une course au partage virtuel peu éloigné de notre société actuelle. La conversation de quelques lycéennes au café, qui se défient mutuellement via les écrans affichés sur leurs yeux laisse durablement réfléchir, beaucoup plus que la succession d’exploits graphiques creux qui leur succède dans le film.

     

    HIRUNE-HIME, RÊVES ÉVEILLÉS (ひるね姫 〜知らないワタシの物語, HIRUNE HIME SHIRANAI WATASHI NO MONOGATARI)

    Kenji Kamiyama

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    Après son impressionnante réadaptation de la série de science-fiction Cyborg 009 (Re:Cyborg 009, 2012), j’attendais beaucoup du nouveau long-métrage de Kenji Kamiyama. J’étais également fort intriguée par son changement de public et de style, loin des mondes SF apocalyptiques. En cela, l’année 2017 vit deux auteurs adultes se tourner soudainement vers une audience populaire, avec plus ou moins de succès – Kenji Kamiyama, donc, et Masaaki Yuasa avec Lou et l’île aux sirènes.

    Malheureusement pour le réalisateur de la série Ghost In the Shell, son projet original ne séduit guère. Les erreurs d’écriture et encore plus de rythme dans l’imbrication de ses deux univers – dont l’un, on le comprend vite, se révèle une déformation fantaisiste préservant l’héroïne d’une situation familiale trop douloureuse – n’aident pas à la réussite du film. La volonté d’intégrer trop de personnages et trop de sous-intrigues, et cela à travers une double-vision de la réalité, pose réellement souci au suivi du film. Le réel passé des parents de Hirune, trop imbriqué dans des couches et des couches de propositions narratives et visuelles, se révèle laborieux à appréhender. Par exemple, le second monde imaginaire, celui du conte lu à Hirune enfant, accumule les influences : château comme chez Cagliostro (ou Grimault), robots du cyberpunk, courses à motos, magiciens, pirates, peluches parlantes… Rajoutons à cela le fait que la petite princesse héroïne de cet univers cumule trois identités confondues : Hirune enfant, Hirune l’adolescente actuelle, et la réincarnation de sa mère. Certes, les Japonais sont souvent maîtres de l’assimilation des références, particulièrement en animation, mais la diversité des détails ne se fond pas ici dans un moule homogène. Les lourdeurs de scénario comme les raccourcis peu convaincants dans l’intrigue ruinent d’emblée la cohérence du tout – et nous sommes loin des films fractals de Satoshi Kon, à qui il avait probablement fallu beaucoup d’intelligence et de finesse pour parvenir à tout relier.

    Cette dissémination de la matière fait que l’on suit avec vague intérêt les aventures de l’héroïne, elle aussi peu convaincante. Une vague adolescente au caractère affirmé, sans réel mystère intérieur ou mélancolie présente – un comble dans le cadre d’une recollection des racines familiales.

     

    YO-KAI WATCH LE FILM (妖怪ウォッチ 誕生の秘密だニャン- YŌKAI WATCH : TANJŌ NO HIMITSU DA NYAN !)

    Shigeharu Takahashi, Shinji Ushiro

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    Il ne faut décidément jamais se fier aux apparences, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’animation. De ces trois longs-métrages distribués par Eurozoom, Yo-kai Watch, pour lequel j’allais à reculons, se révéla le plus réussi. Certes, un divertissement pour enfants, mais fort bien animé, bien écrit, bien rythmé. Et loin d’être aussi stupide que ses quelques blagues grotesques pouvaient le laisser supposer.

    A première vue, Yo-kai Watch, avec son jeune personnage dont la montre lui permet de voir et de capturer les créatures yokai, s’inscrit dans le même argument que Pokémon, logique des produits dérivés comprise. Pour autant, le film assume entièrement cet héritage, lui rend hommage tout en s’en déjouant. A plusieurs reprises, certaines scènes des épisodes les plus célèbres de Pokémon – notamment ceux qui consolident le lien entre le héros Sacha et son compagnon Pikachu – reviennent dans les mémoires, mais sous une tournure plus parodique. Il y a clairement un aspect « bête et méchant » tantôt d’une ironie très réjouissante, tantôt d’un vulgaire très agaçant, totalement assumé dans Yo-kai Watch. Les monstres capturés par la montre sont grotesques, laids et maladroits et renvoient aussi à l’univers d’Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball et Dr Slump.

    Le film séduit par l’autre corde qu’il adjoint à l’univers déjà décliné du Yokai Watch. Car transparaît un certain souci pédagogique en creux des aventures grand-guignolesques du jeune garçon principal et de ses monstrueux compagnons de route. Déjà, la référence aux yokai, ces créatures ni foncièrement mauvaises, ni réellement sympathiques, permet d’intégrer quelques références au folklore traditionnel japonais, d’emblée marqué par un certain humour. Ensuite, le héros de ce film remonte le temps pour partir à la rencontre de son grand-père, du même âge que lui. L’allure zemeckisienne de l’ensemble joue sur de nombreux gags comiques, mais aussi sur le contraste entre un petit garçon des années 60 et celui des années 2010. Lorsqu’il fait face à son grand-père, Nathan se moque de son côté « ringard » et notamment de sa fascination pour un super-héros de l’époque dont les aventures en noir et blanc passe à la télévision. L’aventure du personnage se dirige alors vers une autre victoire : celle où il abandonne ses préjugés et s’aperçoit que son ancêtre familial partage le même enthousiasme que lui peut éprouver pour les héros de 2010. Le message de cette conclusion fait plaisir à voir.

  • Momotaro le divin soldat de la mer

    Un air d’accalmie dans l’océan patriotique

     

    MOMOTARO LE DIVIN SOLDAT DE LA MER (MOMOTARO UMI NO SHINPEI, 1945) - Mitsuyo Seo


    Restauré à l’occasion des 100 ans de l’animation japonaise et pour sa commémoration à la Japan Expo début juillet, Momotaro le divin soldat de la mer est considéré comme le premier long-métrage d’animation japonaise. Un statut qui se doit d’être mise en parenthèses pour aborder les vrais vrais singularités du film, mais également son problématique discours.

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  • Critique de La Grenadière

    Adieu à la mère

     

    LA GRENADIÈRE (2006) - Ken Fukazawa et Kôji Fukada

    On se demande quand Kôji Fukada recevra le prix d’un des grands festivals de cinéma. Car jusqu’à présent, tout ce qu’il réalise se révèle sensible et brillant. Il faut faire preuve de génie pour s’attaquer à autant de projets différents - rappelons-le une reprise de Rohmer sous l’actualité de Fukushima ; un drame intemporel glacial et familial ; une adaptation d’Oriza Hirata dans un Japon futuriste - et offrir à chaque fois une vraie proposition de cinéma, sensée, réfléchie et passionnante. Ce génie ne cesse de s’imposer de film en film.

    La Grenadière n’échappe pas à la règle. Projet commandé par la Toei Animation dans le cadre de ses 50 ans, et inaugurant la forme du Ganime (combinaison d’animation et d’image fixe), le film annonce les prochaines œuvres de Kôji Fukada. Nouvelle piste de cette filmographie décidément éclectique, mais où se maintient le sens de la retenue et la recherche d’une transmission des émotions par le travail lumineux et le rythme poétique.

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  • Critique de Your Name

    Une mémoire réconfortante

     

    YOUR NAME (KIMI NO NA WA) - Makoto Shinkai

    La nouvelle réalisation de Makoto Shinkai est réussie, l’animation est maintenant complète et fidèle au souhait du cinéaste, l’équilibre entre les différents genres est élégant, le récit fort en idées. Cependant, Your Name reste très loin des éclats peut-être plus ambitieux, et assurément plus intenses, de son précédent film Le Jardin des mots, jamais sorti en salles françaises. Le ton y était plus personnel, les choix de réalisation plus audacieux et affirmés, et l’ensemble, hormis un final qui ne m’avait guère emballée, sublime. Avec Your Name, Shinkai reste fidèle à lui-même, conclut même une boucle en renvoyant à son premier long La Tour au-delà des nuages. Rien d’étonnant à ce que surgissent une prédominance du ciel, une symbolique de la destinée, un romantisme des rencontres hasardeuses, une science-fiction de l’intime... Mais après ? Le Jardin des mots semblait dessiner une route nouvelle, plus versée dans la discrétion, moins dans l’épique et le monumental. Or Your Name contraste avec cette délicatesse du précédent, ramène de gros sabots tantôt efficaces, tantôt lourds de sens.

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  • Michiru Oshima

    MICHIRU OSHIMA

    Une réflexion sur la compositrice japonaise à travers les partitions écrites pour Zetsuen no Tempest et Nabari no Ou

    Talentueuse, mais néanmoins méconnue, compositrice dans le milieu de l'animation japonaise, Michiro Oshima porte un sens musical proche à la fois de Joe Hisaishi et de Yuki Kajiura. Son orchestration symphonique lorgnant vers des effets intimistes, capables de scander les scènes d'action animées les plus virevoltantes, fait ainsi songer au collaborateur fidèle de Miyazaki. En revanche, le sentimentalisme de certaines de ses pièces approche plus le lyrisme éclatant de la fondatrice du groupe FictionJunction.

     

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