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cinéma japonais

  • Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis

    Une femme abstraite

    SUIS-MOI JE TE FUIS / FUIS-MOI JE TE SUIS (HONKI NO SHIRUSHI 本気のしるし, Kôji Fukada)

    Est-ce un faux pas pour Kôji Fukada ? Le diptyque Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis, monté à partir d'une série adaptant un manga de Mochiru Hoshisato, apparaît aux antipodes de tout ce qui faisait la force de ce cinéaste. Scénario interminable et répétitif, interprétations forcées, relations hommes-femmes incompréhensibles... Nul doute que l'écriture de cette chronique pour le blog est un crève-coeur, tout comme le furent les presque quatre heures de visionnage de cette histoire.

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  • Drive My Car

    Distances et ambitions

    DRIVE MY CAR (ドライブ・マイ・カー) – Ryûsuke Hamaguchi

    En tant que film-fleuve liant plusieurs thématiques aux portraits de ses personnages, Drive My Car semble aussi abouti et profond qu'un autre film de son réalisateur, Happy Hour, qui ne durait pas moins de cinq heures. Le sens du collectif, l'importance de l'atelier théâtral, la lenteur de révélation des secrets et des douleurs dissimulés comme les tensions entre les hommes et les femmes ou les générations se retrouvent en effet dans Drive My Car. De même, l'écriture du film démontre une propension à tendre vers l'universel, jusqu'à inclure une mise en abîme plurilinguistique, une mise en scène de Oncle Vania d'Anton Tchekhov avec des comédiens d'origines différentes. Pourtant, s'il impressionne par sa rigueur et l'ambition de son propos, ce dernier long-métrage de Hamaguchi n'est pas non plus sans atteindre certaines limites : il s'y joue à la fois la quintessence d'un style singulier et innovant et les signes de sa mise en péril.

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  • Critique de Vers l'autre rive

    Le lien manquant

     

    VERS L'AUTRE RIVE (KISHIBE NO TABI 岸辺の旅) – Kiyoshi Kurosawa , 2015

    Six ans après la première vision de Vers l'autre rive, le regard a muté, sans doute influencé par (les ravages d') une thèse et la meilleure appréciation d'une culture. Malgré le souvenir des déceptions qu'il avait suscité à sa sortie, ce long-métrage trouve parfaitement sa place dans la filmographie du cinéaste. Ses réflexions sur le couple et la mort, sa relecture du deuil et du fantôme suscitent une émotion plus grande, parfois enrichies par certaines spécificités culturelles.

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  • Critique de Hospitalité

    Un Jeu de combinaisons

    HOSPITALITÉ (KANTAI 歓待, 2010) – Kôji Fukada

    Les films de Kôji Fukada s'éclairent les uns les autres comme ces autres filmographies kaléidoscopiques – celles d'Éric Rohmer, influence majeure sur Au Revoir l'été, d'Hong Sang-soo dans cette même filiation, ou encore de Yasujirô Ozu. Hospitalité, l'un des premiers longs-métrages de Fukada, sort en France plus de dix ans après sa réalisation. Dans le calendrier des sorties, il succède à d'autres œuvres réalisées après-coup, et au succès justifié, d'Au Revoir l'été au Soupir des Vagues, en passant par Harmonium, Sayonara ou L'Infirmière. Hospitalité complète cette filmographie plus qu'il ne l'innove car il doit son intérêt au geste rétrospectif qu'il engage, réaffirmant des motifs narratifs et esthétiques déjà éprouvés.

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  • Bilan de l'année 2020

    LES ŒUVRES ASIATIQUES DE 2020

    Longs métrages, courts métrages et séries

    Pour cette année qui nous a chamboulés, qui a vu les salles se fermer et les écrans d'intérieur s'illuminer, pas de traditionnel top. Ni l'envie ni l'intérêt ne furent présents pour s'engager à comparer, classer, hiérarchiser. Les années précédentes, j'élaborais toujours mon top avec un grand plaisir, aimant replonger dans mes souvenirs des salles obscures et me remémorer les expériences cinématographiques. Cette fois-ci, l'ombre et les lumières n'ont pas dansé, les voisins de rangées ont été absents, et les réels souvenirs de cinéma n'existent que faiblement dans ma mémoire. Je ne voyais pas d'intérêt à raviver ces bribes qui me rendent amère plus qu'enthousiaste.

    Pourtant, je tenais à partager la découverte de certaines œuvres, la plupart vues en intérieur, dans un usuel bilan annuel. A la place du top figure donc un abécédaire de séries, films et courts-métrages asiatiques qui ont émerveillé le regard, fait crépiter le cerveau ou apporté un fin plaisir entre les instants difficiles.

    Une liste donc, dans l'ordre alphabétique et laissée au bon jugement de mes quelques lecteurs.

    Belle et heureuse année 2021 à toutes et à tous. Qu'elle nous permette de revenir en douceur vers nos habitudes cinéphiles et nous apporte émotion et réflexion.

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  • Pink and Gray

    Jeux de rôles

     

    PINK AND GRAY (ピンクとグレー, 2015) – Isao YUKISADA

    Inédit en France, Pink and Gray adapte le roman éponyme de la pop idol Shigeaki Katô, qui s'inspire de l'univers médiatique dans lequel il évolue pour son histoire. Débutant de manière classique à la manière d'un seishun eiga (青春映画 - littéralement film sur la jeunesse, mais aussi film initiatique), le film suit l'évolution contrastée de deux amis d'enfance, de l'invisibilité vers la gloire. Le drame à l'ouverture – le suicide de la star Rengo, imposé sans ménagement à l'écran – cache bien plus que ces premiers éléments de scénario.

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  • L'Infirmière

    Un puzzle de couleurs comme chez Mondrian

     

    L'INFIRMIERE (よこがお YOKOGAO) – Kôji FUKADA

    Au milieu du film, l'infirmière admire les Tournesols mourants de Mondrian au musée, puis discute de ce plaisir esthétique avec la cible de sa vengeance. Le mouvement de décrépitude, de fusion comme de renaissance compris dans ce premier tableau fait écho à l'itinéraire du personnage principal : une femme indépendante professionnellement et proche de l'accomplissement personnel, dont le destin est soudainement bouleversé par une rencontre infortunée (et aux conséquences mystérieuses).

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  • Katsuben !

    L'homme devant l'écran

     

    Katsuben ! (かつべん, 2019) - Masayuki Suo

    Projeté en avant-première au Kyôto Historica Film Festival, actuellement dans la programmation du Kinotayo Festival en France, Katsuben ! propose de revisiter l'histoire du film muet à travers la figure emblématique du benshi, mais aussi sous le ton dominant de la comédie. Cette association donne au film sa singularité et son dynamisme, mais n'échappe à quelques poncifs dominants dans le cinéma japonais commercial actuel.

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  • Shinjitsu / La Vérité

    Sorcières de mère en fille

    La Vérité (Shinjitsu 真実 , 2019) - Hirokazu Koreeda

     

    En situant l'action de son nouveau film dans le pays du cinéma, Hirokazu Koreeda s'essaye pour la première fois à l'expérience internationale . La proposition faisait peur sur le papier, risque d'un énième rapport faussé à une culture incomprise, à une langue non maîtrisée. Pourtant, La Vérité trouve un équilibre par la justesse des interprétations comme l'entretien des valeurs usuelles et chères à son cinéma. Mais l'approche de la France témoigne aussi des limites dans la construction d'un film dans le film sans grande personnalité.

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  • Mary et la fleur de la sorcière

    Un dernier p’tit tour de magie et puis…

     

    MARY ET LA FLEUR DE LA SORCIÈRE (メアリと魔女の花 MEARI TO MAJO NO HANA, 2018) - Hiromasa Yonebayashi

    Lors de la sortie du film au Japon, Hiromasa Yonebayashi avait déclaré que son dernier opus reflétait la situation du studio Ghibli. La cessation des activités de ce dernier entraînait la disparition d’un certain univers, merveilleux, magique, absence avec laquelle il fallait maintenant composer. De fait, la vision de Yonebayashi sur cette situation prenait corps à travers une jeune fillette se rêvant sorcière, et traversée par cette question emblématique : “que fait-on quand la magie n’est plus là ?“ Pourtant le cinéaste évite plus le problème qu’il ne l’élude durant son troisième long-métrage. Le “que fait-on” reste toujours aussi palpable sur ce film qui se veut, plutôt qu’une réelle proposition, d’abord un héritage et un hommage au studio.

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