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Deux films japonais à Cannes 2016

DEUX FILMS JAPONAIS A CANNES 2016

 

C'est entre le soleil et la pluie que les traditionnelles reprises cannoises ont eu lui, faisant soit tomber les vestes, soit remettre les pulls dans les salles parisiennes. Si l'année dernière, j'avais profité de Cannes et de Cannes à Paris, j'ai cette année rangé mes robes festivalières et chaussé mes bottes pour m'isoler quelques soirées au Reflet Médicis ou au Forum des Images.

Courtes notules sur deux films japonais découverts à cette occasion.

 

APRES LA TEMPETE (UMI YORI MO MADA FUKAKU) – Hirokazu Kore-eda

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Après le beau, mais platonique, Notre petite sœur, pouvait-il s'espérer une reconversion de Koreeda dans des registres plus fragiles et risqués ? Malheureusement, Après la tempête confirme la vague creuse traversée par le réalisateur japonais. Pire, celui-ci semble rejouer, en vain, sans subtilité ni même originalité, les tourments familiaux d'une de ses brillantes créations, Still Walking.

La filmographie de Koreeda a ceci de fascinant qu'elle se déploie comme deux miroirs face-à-face : les thèmes et les structures se ressemblent, les acteurs reprennent des variations de leurs personnages, les plages et les appartements se répondent... Une trajectoire cinématographique en somme très proche de celle de Yasujiro Ozu, évidente inspiration. Ainsi, Koreeda va de la cruauté à l'apaisement, de la violence à la douceur : quatre orphelins, au fragile équilibre (Nobody Knows) se transforment en ravissantes jeunes sœurs épanouies par le bonheur de vivre (Notre petite sœur) ; le fantastique en collectif, où l'on apprend à accepter la mort (After Life) devient une expérience surnaturelle en solitaire, où l'on renonce à la vie (Air Doll) ; la joyeuse quête des enfants d'I Wish répond à celle, plus grave, des pères de Tel père, tel fils...

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Dans ce jeu de reflets, Après la tempête apparaît définitivement comme la déclinaison de Still Walking. La famille recomposée de ce dernier, où fusaient les commentaire acerbes et les frustrations, voit naître une famille plutôt éclatée, mais dont les tensions sont moins palpables, et où la réconciliation remplace la dissension. Hiroshi Abe incarne un autre père, moins sensible, plus lourdaud, et Kirin Kili reprend sa composition de grand-mère à la langue bien pendue. Pourtant, le charme n'opère pas car les intentions de Koreeda sont limpides dès le départ. L'accablement du personnage, qui rate tout ce qu'il entreprend, paraît vite lourd, et n'aide pas à justifier l'entreprise de rattrapage qui s'ensuit au cours de cette fameuse « tempête ». La douceur propre au cinéaste se confond avec l'ennui, et sa subtilité s'englue dans des répliques moralisatrices sans conviction.

 

HARMONIUM (FUCHI NI TATSU) – Kôji Fukada

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Après Au revoir l'été, le nouveau film qui parvient sur nos écrans de Kôji Fukada n'en fait qu'un cinéaste des plus précieux et talentueux du continent. Fukada migre là très loin de son inspiration rohmérienne, preuve qu'il est capable de se renouveler avec puissance. Harmonium confirme le talent d'écriture de Fukada, sa subtilité dans la tragédie, et un sens de la mise en scène à la remarquable discrétion.

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Dyptique en apparence simple, qui s'attache à une banale famille japonaise soudainement touchée ou rattrapée par le drame, le film fait progressivement plonger dans une infernale complexité de sentiments. Loin de se jeter dans des élans dramatiques, Fukada opte pour une sobriété glaciale, presque proche d'Haneke, mais troublant aussi par sa variété de tons. Les quelques séquences familiales déploient, par leurs détails et leur évolution, tout d'une frustration conjugale, d'un délaissement de l'enfant, de la peur de l'extérieur ou de la culpabilité. Les interprétations du trio d'acteurs réuni par Fukada sidèrent par leur puissante audace. Ancré dans une réalité très précise du Japon contemporain, Harmonium se transmue peu à peu en tragédie humaine, dont les troublants mouvements de hasards hantent encore longtemps après sa projection.

 

Pour en savoir plus sur les autres films découverts à la Quinzaine des Réalisateurs ou à Un Certain Regard...

 

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