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cinéma

  • Mountains May Depart

    Take Care

     

    AU-DELA DES MONTAGNES (SHAN HE GU REN) – Jia Zhangke

     

    En revoyant Au-delà des montagnes, que j'avais préalablement découvert à Cannes en mai, ce ne fut pas l'émotion de la première projection mais l'étrangeté du film de Jia Zhangke qui me frappa. Car là se tient un cinéma de l'au-delà, une proposition nouvelle, déstabilisante par son rythme, ses choix narratifs, posant des protagonistes aux choix déconcertants, se permettant d'audacieuses ellipses ou des résolutions atypiques. Le cinéma de la contemplation et du paysage de Zhangke subsiste mais est néanmoins soumis à une métamorphose. Sous nos yeux, les images s'inondent de la souplesse numérique, les couleurs se parent d'un autre étalonnage, celui d'un autre millénaire. C'est la mutation du cinéaste chinois, sa soudaine clairvoyance sur le monde qui empreint les chemins de ce mélodrame à six personnages, trois temps, deux chansons.

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  • Festival du Film Coréen à Paris 2015

    3 Films au Festival du Film Coréen à Paris

     

    Pourquoi diable le FFCP, après tout de même dix années d'existence, une équipe rodée, une programmation parvenant à faire venir des cinéastes imposants dans l'industrie, la location d'une grande salle à l'emplacement stratégique sur les Champs-Elysées – reste-t-il autant affublé de défauts techniques ? Si l'on pardonne parfois à la fragilité d'un festival, souvent difficile à mettre en place, exigeant du temps dans sa création, sa programmation et sa promotion, il demeure difficile de ne pas se crisper face au grand problème posé par le sous-titrage cette année. Ce problème existait déjà trois ans auparavant, lorsque le festival encore jeune évoluait dans le petit Saint André des Arts. A l'époque, les nombreux problèmes techniques étaient pardonnables et participaient même à une ambiance assumant son statut précaire et bricolé.

    Mais, des années après, assister aux mêmes écueils dans un contexte plus confortable s'avéra agaçant. Subir des sous-titres de toute petite taille – un comble pour une projection sur de très larges écrans – accablés de fautes de frappe mais aussi parfois abondant en nombreux contresens et fautes d'orthographe rendait les projections fort désagréables.

    Il n'est certes guère agréable de débuter ce billet sur cette touche négative, mais ces défauts demeuraient d'autant plus regrettables que les films découverts cette année étaient réellement intrigants, voire de très bonne qualité.

     

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  • Pakeezah

    La courtisane amoureuse

     

    PAKEEZAH (1972) – Kamal Amrohi

    Film découvert dans le cadre du cycle « Les Femmes à l'écran » organisé par Contre-Courants, le 10 octobre 2015 au Reflet Médicis

    Pour sa toute première séance de ciné-club, l'association Contre-courants, qui assure la diffusion de films d'Asie du Sud, nous proposait un véritable classique du cinéma indien. Pakeezah est un film essentiel dans la tradition du « film de courtisanes », genre dont les principales caractéristiques peuvent se retrouver dans le film bollywoodien contemporain. Pour accompagner ce très beau mélodrame chanté et dansé de Kamal Amrohi, la présentation du film par l'équipe de Contre-courants fut fort appréciable et instructive.

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  • Spectaculaire chez Bong Joon-ho II

    Retour sur THE HOST (GWOEMUL)

    Un film réalisé par Bong Joon-ho en 2005

     

    Projeté au Cycle Séoul Hypnotique au Forum des Images.

    En revoyant The Host, six ans après sa première découverte sur un petit lecteur DVD du salon familial, se dessine l'évidence que le film de Bong Joon-ho demeure l'un des meilleurs films d'action du nouveau millénaire.

    Le monstre a regagné sa légitimité depuis quelques années dans le cinéma, avec les récents Cloverfield (Matt Reeves, 2008), Godzilla (Gareth Edwards, 2014) ou Jurassic World (Colin Trevorrow, 2015). Par légitimité, j'entends son inscription dans un cadre réaliste, et la mise en rapport du monstre avec des structures socio-historiques bien précises, en construisant l'image d'une lourde menace. Est-ce à dire que The Host amorce ce retour à une représentation terrifiante, qui se fonde à la fois sur une totale virtualité et le gain de détails réalistes, du monstre de cinéma ?

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  • Spectaculaire chez Bong Joon-ho I

    DIALOGUE AUTOUR DE

    SNOWPIERCER, LE TRANSPERCENEIGE

    Un film réalisé par Bong Joon-ho en 2013


    La cinéphilie se partage parfois en famille. Depuis notre découverte de Memories of Murder, puis de The Host sur un petit écran familial, ma sœur, mon frère et moi-même sommes devenus instantanément fans de Bong Joon-ho, et de son acteur fétiche Song Kang-ho, et dont les films furent une brèche à la découverte de Park Chan-wook, Kim Jee-woon ou encore Lee Chang-dong. C'est ainsi avec une grande impatience et une excitation d'enfant que mon frère et moi sommes allés découvrir ensemble Snowpiercer, le dernier film de notre héros d'adolescence, lors de sa sortie en 2013. Nous en sommes sortis divisés et avions entrepris une critique dialoguée.

    Ce dialogue, jamais publié pour d'obscures raisons de perte de ses brouillons, est enfin déterré et publié à l'occasion de ce trimestre du cinéma coréen à l'oeuvre en France !

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  • The Satellite Girl and Milk Cow

    Séoul, ville des satellites et des vaches à lait

     

    THE SATELLITE GIRL AND MILK COW (WOORIBYEOL ILHOWA EOLRUKSO, 2014) – Hyung-yun Chang

     

    Film découvert au Cycle Séoul Hypnotique au Forum des Images et dans le cadre de la 14ème Fête du Cinéma d'animation

     

    Il y a toujours un plaisir à se rendre au Forum des Images, y compris pour y découvrir des films qui ne nous plaisent pas. L'audace des programmations du Forum est de miser sur la diversité, non seulement des publics et des genres, mais aussi des tons, loin de l'élitisme et plus proche du populaire. Je n'ai ainsi pas apprécié The Satellite Girl and The Milk Cow, choisi pour la première partie de soirée consacrée à l'animation sud-coréenne, mais j'en ai apprécié la découverte. Malgré sa fantaisie délurée et un scénario misant sur un absurde réjouissant de prime abord, le film demeure très vite lié par son animation – qui pour le coup ne lui permet pas de franchir les limites.

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  • Sunhi

    L'amour est jeu de ressemblances

    SUNHI (U RI SUNHI, 2013) – Hong Sang-soo

    Film découvert au Cycle Séoul Hypnotique du Forum des Images

    Sunhi est pour moi le retour à l'expérience Hong Sang-soo, qui s'était « étouffée dans l'oeuf » à la sortie de Les Femmes de mes amis (2010). La déception face à ce film avait, il y a quelques années de cela, achevé tout désir d'en découvrir plus sur le cinéaste. Quelques années plus tard, je compris que mon incompréhension autant que mon indifférence à l'égard de l'oeuvre de Hong Sang-soo découlait de mon rejet de celle d'Eric Rohmer, influence majeure sur le cinéaste sud-coréen. Sunhi est cependant l'un des films les moins démonstratifs de Hong Sang-soo, surtout plaisant par sa simplicité.

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  • A Touch of Zen

    Moderne et romanesque

    A TOUCH OF ZEN (HSIA NU, 1969) – King Hu

    Fleuron du wu xia pian – film de sabre – A Touch of Zen tire paradoxalement son charme de la rareté, bien dosée, de ses scènes d'action. A l'inverse d'un Chang Cheh étalant des combats épuisant ses héros jusqu'au martyr, King Hu préfère le romanesque, le suspense et le fantastique empreint de religion – principalement à caractère bouddhique, évidemment.

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  • La Maison au toit rouge

    La maison ébranlée

    LA MAISON AU TOIT ROUGE (CHIISAI OUCHI, 2014) – Yôji Yamada

    Le film de Yôji Yamada émeut dans la reconstitution qu'il exige, reconstitution qui s'établit non seulement dans la période de l'avant-guerre, mais également par la vision du mélodrame à l'ancienne qu'il transmet. L'image de la petite maison se fait symbole d'un petit bonheur bourgeois dans toutes ses contradictions, et encapsule les désirs de ses deux figures féminines, la maîtresse de maison Tokiko (Takako Matsu) et sa servante Taki (Haru Kuroki), narratrice de l'histoire.

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  • A la Folie de Wang Bing

    Quand la folie naît de la patience

     

    A LA FOLIE (FENG AI) – Wang Bing

    Après Les Trois Sœurs du Yunnan, Wang Bing retourne en intérieur pour un projet longtemps envisagé et entravé. A la Folie explore sur près de quatre heures le quotidien monotone des malades enfermées dans un hôpital psychiatrique du Sud-Ouest de la Chine. Dans cette population masculine très diversifiée – se retrouvent là aussi des dissidents politiques autant que des jeunes perdus ou des pères de famille au chômage – le cinéaste s'est niché, filmant les groupes ou les âmes solitaires.

    A la Folie poursuit l'exploration de la solitude, mais une solitude qui est là bien plus paradoxale que celle des trois sœurs, non plus exposée au vaste paysage du Yunnan, mais naissante au cœur même de la promiscuité et de l'étroitesse des lieux.

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