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Soudain coupée du monde qui donnait du sens à sa vie, la productrice Chan-sil se retrouve au chômage, isolée et sans objectif. Dans cette déroute, la quête de l'amour, croisé sur le chemin, s'entremêle à celle de la passion professionnelle, peuplée par les fantômes filmiques. D'abord comédie douce-amère sur l'âge de la quarantaine, Lucky Chan-sil s'éloigne petit à petit de cette première identité et embrasse un rapport plus cinéphile, particulièrement tourné vers le cinéma art et essai asiatique. Une distance amusante se dessine sous cet écart, saisissant avec malice les vagabondages d'une héroïne sans-le sou dialoguant avec les références des films qui l'ont fait rêver.
LUCKY STRIKE (지푸라기라도 잡고 싶은 짐승들, 2019) - Yong-hoon KIM
Le succès de Parasite a peut-être entraîné une perception biaisée sur le cinéma sud-coréen. Succédant à la Palme d'or dans le calendrier des sorties en France, Lucky Strike a en effet reçu les félicitations du premier film « prometteur », le partenariat de France Culture et une relative bonne visibilité au lendemain de la réouverture des cinémas durant l'été 2020. Pour autant, le film déçoit les attentes et sa qualité tient pour beaucoup au casting et à l'équipe technique.
Pour cette année qui nous a chamboulés, qui a vu les salles se fermer et les écrans d'intérieur s'illuminer, pas de traditionnel top. Ni l'envie ni l'intérêt ne furent présents pour s'engager à comparer, classer, hiérarchiser. Les années précédentes, j'élaborais toujours mon top avec un grand plaisir, aimant replonger dans mes souvenirs des salles obscures et me remémorer les expériences cinématographiques. Cette fois-ci, l'ombre et les lumières n'ont pas dansé, les voisins de rangées ont été absents, et les réels souvenirs de cinéma n'existent que faiblement dans ma mémoire. Je ne voyais pas d'intérêt à raviver ces bribes qui me rendent amère plus qu'enthousiaste.
Pourtant, je tenais à partager la découverte de certaines œuvres, la plupart vues en intérieur, dans un usuel bilan annuel. A la place du top figure donc un abécédaire de séries, films et courts-métrages asiatiques qui ont émerveillé le regard, fait crépiter le cerveau ou apporté un fin plaisir entre les instants difficiles.
Une liste donc, dans l'ordre alphabétique et laissée au bon jugement de mes quelques lecteurs.
Belle et heureuse année 2021 à toutes et à tous. Qu'elle nous permette de revenir en douceur vers nos habitudes cinéphiles et nous apporte émotion et réflexion.
Si cette année fut riche en événements pour ma part, et si le temps ne me fut guère laissée pour remplir les colonnes de ce blog, la fibre cinéphile a tout de même résisté aux changements. Si j'ai certes vus moins de films qu'à l'habituelle, j'ai à mon actif une bonne centaine d'oeuvres visionnées en salles, ce qui permet de proposer le traditionnel top de l'année.
Constatons que cette année fut très belle sur le continent américain comme asiatique. D'une part, l'on eut le plaisir de découvrir de beaux films indépendants très sensibles, souvent signés par de jeunes réalisatrices, comme de faire face au renouvellement de cinéastes confirmés (Andersen, McDonagh, Spielberg...). De l'autre côté du blog, le Japon ne fut pas en reste avec sa Palme d'or, mais aussi la venue d'anciennes comme de nouvelles têtes*. L'animation japonaise fut cependant en deçà des réussites, avec plusieurs films inégaux et décevants - la sortie du virevoltant Penguin Highway y remédiera peut-être l'an prochain. Côté Chine, il faut souligner l'original Une Pluie sans fin et les dernières oeuvres de Wang Bing. La Corée fut dominée par l'une des plus grandes injustices cannoises de ces dernières années, le sidérant Burning, nouveau chef d'oeuvre de Lee Chang-dong.
(*le film Senses ne fut pas intégré dans le compte-rendu de cette année puisqu'il a déjà été intégré dans le top 2017. Il n'en reste pas moins l'un des films japonais les plus impressionnants de l'année)
Merci aux quelques visiteurs de ce blog ainsi qu'aux internautes qui me suivent et me commentent sur les réseaux sociaux.
En novembre dernier se tenait la 12ème édition du populaire festival dédié au Pays du Matin Calme. A contrario, et dans la continuité de son foudroyant succès de 2016, l'événement fut agité par les foules nombreuses, les invités prestigieux, la projection des derniers gros succès comme de sa production art et essai.
Parmi des films très divers, un fil rouge se maintenait : celui du récent tremblement de terre politique ayant agité l'année 2016. Beaucoup de films intégraient, concrètement ou malicieusement, des références au régime en place. L'année précédente avait déjà étalé la violence de la corruption – avec Inside Men ou Asura – celle-ci affichait le désir de révolution et d'engagement. La rétrospective autour du thème des tumultueuses années 1980 dressait évidemment un rappel et un écho édifiants à la récente destitution de la Présidente Park. Manifestations dans les rues contre un état oppresseur, état des lieux alarmant sur le milieu militaire ou policier, jeunesse en colère ou instable, et bien souvent en fuite contre son temps, telles étaient les thématiques de ce 12ème festival.
Cet engouement politique présent à tous les étages de la production – du petit documentaire à la grosse production – faisait plaisir à constater et donnait de l'inspiration quant à notre actuelle situation gouvernementale ombrageuse.
Dans la tradition des précédents compte-rendus de festival, petit parcours hiérarchique parmi les 15 films découverts dans les salles confortables du Publicis.
Bancal, le film sud-coréen projeté à Cannes ? Certes, mais bien plus réjouissant que tous les blockbusters américains de ces derniers temps. Il suffit parfois de quelques biceps, de costards et d’attitudes classes et de beaucoup, beaucoup de sang, pour convaincre.
D’une confusion délicieuse, le dernier film de Hong Sang-soo repousse avec malice les frontières du vaudeville et charme par ses patients jeux de subversion des tons. Il laisse en outre transparaître, à travers ce vaudeville à quatre, son éclatant amour pour l’actrice Kim Min-hee.
Guère de surprise pour ce film d’animation pré-Dernier Train pour Busan. Comme pour The Fake, le film intrigue plus au niveau de ses choix narratifs plutôt que dans ceux de la mise en scène et de la plastique de l’animation. La sortie récente de Dernier Train pour Busan confirme même que le cinéaste est clairement plus doué pour la prise de vue réelles plutôt que pour l’animation. Un renversement relativement rare car c’est souvent l’inverse qui est constaté. Pour Sang-ho Yeon, l’usage de l’animation n’a jamais autant desservi ce qu’il tentait de dire, de construire dans ses histoires. le médium était plus là en raison de moyens limités et d’une impossibilité d’accéder à la prise de vues réelles. En ce sens, King of Pigs, The Fake, puis Seoul Station souffrent d’une évidente faiblesse esthétique.
Surprenant premier film, La Frappe ne cesse de contredire les chemins qu’il emprunte. Chaque personnage échappe à l’image qu’il semblait renvoyer, où la rudesse de l’un cache par exemple une profonde délicatesse. Les bourreaux supposés sont tout autant victimes, tandis qu’au scénario, les pistes sur l’origine du suicide ne cessent de se contredire. C’est le choix de l’adolescence qui permet au jeune réalisateur de jouer sur ce brouillage constant : espace où l’identité commence seulement à se construire, et où chacun mime l’autre, s’enrobe de postures prises à droite à gauche et peine à assumer son réel ressenti. Film multiple, par cette succession de posture, comme par sa fragmentation au montage, La Frappe est une réussite qui soulève ce désir, celui de voir très prochainement la seconde réalisation de Sung-hyung Yoon sur nos écrans.
Le cap passé des 10 ans semble donner un regain de maturité cette année au FFCP. Ainsi, si je tempérais l'année dernière contre un festival – néanmoins cher à mes yeux depuis le début – pour les nombreux soucis organisationnels encore accumulés au fil des éditions (problèmes pénibles dans le sous-titrage des films, longs retards pour des projections...), je reviens cette fois-ci sur les reproches que j'ai pu adresser. Un effort considérable fut noté sur les sous-titres, cette fois-ci bien synchronisés et aux coquilles plus rares, mais aussi dans l'accueil chaleureux et bien tenu d'un jour à l'autre. La bonne qualité de l'organisation est d'autant plus louable qu'elle fut confrontée à un inattendu et foudroyant succès du festival : les files d'attente furent longues, avec la population coréenne de Paris venue en masse, les grands amoureux du pays du Soleil Levant fidèles au rendez-vous, les refus aux grosses séances furent nombreux, et les salles se remplirent même pour les documentaires et les vieux films. Le petit regret de s'être vue refouler pour The Age of Shadows, dernier opus de Kim Jee-woon, fut cependant vite contrebalancé par la bonne ambiance régnante et de manière générale le plaisir de voir autant de spectateurs, qu'ils soient Coréens ou Français, curieux et enthousiastes face à cette cinématographie.
En outre, cette année fut exceptionnelle de par la très bonne qualité des films présents – et pour lesquels le bouche à oreille fonctionna sûrement. Le thriller, comme toujours, confirma sa force et sa grande maîtrise visuelle et rythmique ; mais le cinéma indépendant fut, encore plus cette année, tout aussi vital, ouvrant de nouvelles pistes sensibles au sein de ce paysage.
Cette grande question se pose dès lors : quand les grands distributeurs internationaux se détourneront-ils des Marvel actuels, plombants de répétition, pour embrasser cette folle vitalité déjà à l'oeuvre l'an dernier (avec Train to Busan, Man on High Heels, Veteran – ce dernier étant malheureusement resté inédit), et qui s'enrichit encore cette année (avec Tunnel, Inside Men, Asura...) ? Les films de genre coréens se révèlent mille fois profonds, et mille fois plus jouissifs, que les plus revisitées des franchises de super-héros américains.
Ainsi, lançons-nous dans un petit tour des 8 films découverts cette année...