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Critique de Seoul Station, un film de Sang-ho Yeon

Des zombies sur un plateau de jeu

 

SEOUL STATION (SEOULYEOK, 2016) - Sang-ho Yeon

Guère de surprise pour ce film d’animation pré-Dernier Train pour Busan. Comme pour The Fake, le film intrigue plus au niveau de ses choix narratifs plutôt que dans ceux de la mise en scène et de la plastique de l’animation. La sortie récente de Dernier Train pour Busan confirme même que le cinéaste est clairement plus doué pour la prise de vue réelles plutôt que pour l’animation. Un renversement relativement rare car c’est souvent l’inverse qui est constaté. Pour Sang-ho Yeon, l’usage de l’animation n’a jamais autant desservi ce qu’il tentait de dire, de construire dans ses histoires. le médium était plus là en raison de moyens limités et d’une impossibilité d’accéder à la prise de vues réelles. En ce sens, King of Pigs, The Fake, puis Seoul Station souffrent d’une évidente faiblesse esthétique.

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Cette faiblesse, elle est malheureusement particulièrement visible dans la représentation des zombies de Seoul Station. Les créatures n’émeuvent guère, ni ne terrifient. Absolument rien dans leur design n’évoque le repoussant, l’angoissant, le carnassier. Cela notamment parce que le film de Sang-ho Yeon manque singulièrement de jeux de textures. Le contraste n’existe pas, l’agencement visuel est lisse et n’autorise pas le jaillissement de surfaces, couleurs ou graphismes singuliers.

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Les enjeux de mise en scène sont en outre beaucoup moins passionnants puisqu’il n’y a pas de train dans Seoul Station. Tout se passe dans la ville, dans une collection de lieux divers. Le film de Sang-ho Yeon mérite en ce sens son étiquette de “premier essai” dans le genre du film de zombies, puisqu’il s’éparpille facilement, propose diverses personnages et intrigues qui se croiseront plus ou moins, et de nombreuses situations narratives en regard de l’invasion. Une sorte de plateau de jeu, en somme, où le cinéaste se permet d’être moins inspiré que pour son film en prise de vue réelle, clairement plus écrit, concentré, affiné dans son point de vue.

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Néanmoins, deux idées intéressantes sont à relever au sein de cet ensemble. Tout d’abord, la dénonciation des luttes de classes sociales à l’oeuvre dans Dernier Train pour Busan pointe déjà le bout de son nez lors des premières scènes du film. Car les premiers infestés sont d’abord les sans-abris, qui se réfugient dans le sous-sol d’une station. La prolifération des zombies, si elle parvient à se mettre en place, vient du fait que personne ne regarde, ni ne s’inquiète, du comportement étrange de certains SDF. Cette mise à l’écart de la couche sociale la plus inférieure de la société rappelle en cela le récent film japonais Destruction Babies. Le jeune Yuya Yagiru vaquant dans les ruelles obscures, parcouru de pulsions meurtrières, était pris pour un ivrogne qu’on évitait sans se soucier des dégâts qu’il allait causer par la suite. Seoul Station montre de la même manière des habitants qui évitent soigneusement la réalité des sans-abris et finissent par en payer le prix.

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La seconde idée du film est probablement la plus proche du huis-clos institué dans le train. C’est ce mur au sein d’une impasse où se trouvent de nombreux civils en attente d’être évacués, et derrière lequel grondent les forces armées. Les civils réfugiés là mettent en place un système de relais pour tenter de convaincre les policiers, mais également de limiter l’avancée des zombies de l'autre côté. Evidemment, ce système finit par rapidement s’effondrer et montre, de manière symbolique, la classique lutte du peuple contre les autorités. Au vu de la force de la situation, qui fonctionne sur une bonne vingtaine de minutes, on en regrette presque que Sang-ho Yeon n’y ait pas uniquement consacré son film. Car une fois l’insurrection lancée, de part et d’autre de la frontière, le reste de Seoul Station n’est que longues cavalcades pour une vengeance sans enjeux.

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