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DERNIER TRAIN POUR BUSAN (BOO-SAN-HAENG) – Sang-ho Yeon
Troisième d'une série de films coréens ayant déferlé sur nos écrans français cet été, Dernier Train pour Busan achève de confirmer la vitalité d'un nouveau cinéma sud-coréen situé entre les standards et la recherche d'originalité.
Le big brother Big-Cow est de nouveau invité sur ce blog pour une critique croisant le film de Bong Joon-ho avec un célèbre giallo de Dario Argento...
Le hasard tient à peu de choses. Il y a deux semaines, je regarde Profondo Rosso de Dario Argento (Les frissons de l'angoisse en VF), avec David Hemmings. La semaine dernière, c'est Mother, l'un des seuls Bong Joon-Ho qu'il me restait à voir. Entre les deux, une relation évidente - et on va bien évidemment spoiler les deux films.
Est-il possible d'évoquer la terreur au cinéma ? Le nouveau film de Na Hong-jin pourrait éveiller la peur, l'angoisse, le dégoût, par la myriade de genres qu'il embrasse. Pourtant, c'est bel et bien la sensation, rare, de terreur qui se construit au cours de cette complexe histoire surnaturelle.
Un corps émergeant de la surface noirâtre, cheveux tentaculaires tels ceux de la Méduse, balayés par la lumière dorée d'un soleil cruel. S'y inscrit le caractère coréen « Shi », traduit sous le titre international par celui de « Poetry » : en un plan et en un effet de montage, le film traduit la dualité qui le baigne, littéralement. Un balancement constant entre l'image et le mot, entre l'inanimé et la lettre vivante, entre la violence du corps suicidé et la recherche de la suggestion.
TIMELESS BOTTOMLESS BAD MOVIE (1997) – Jang Sun-woo
Toi qui t’apprêtes à regarder Timeless Bottomless Bad Movie, abandonnes tout espoir.
C’est ce que semble vouloir signifier dès le générique cet objet étrange proclamant « Scénario : pas écrit » « Musique : pas définitive » « Direction artistique : non existante » par cet anti-générique discréditant tout le monde, l’objet filmique et surtout le réalisateur Jang Sun-woo, et qui annonce la couleur.
Pourquoi diable le FFCP, après tout de même dix années d'existence, une équipe rodée, une programmation parvenant à faire venir des cinéastes imposants dans l'industrie, la location d'une grande salle à l'emplacement stratégique sur les Champs-Elysées – reste-t-il autant affublé de défauts techniques ? Si l'on pardonne parfois à la fragilité d'un festival, souvent difficile à mettre en place, exigeant du temps dans sa création, sa programmation et sa promotion, il demeure difficile de ne pas se crisper face au grand problème posé par le sous-titrage cette année. Ce problème existait déjà trois ans auparavant, lorsque le festival encore jeune évoluait dans le petit Saint André des Arts. A l'époque, les nombreux problèmes techniques étaient pardonnables et participaient même à une ambiance assumant son statut précaire et bricolé.
Mais, des années après, assister aux mêmes écueils dans un contexte plus confortable s'avéra agaçant. Subir des sous-titres de toute petite taille – un comble pour une projection sur de très larges écrans – accablés de fautes de frappe mais aussi parfois abondant en nombreux contresens et fautes d'orthographe rendait les projections fort désagréables.
Il n'est certes guère agréable de débuter ce billet sur cette touche négative, mais ces défauts demeuraient d'autant plus regrettables que les films découverts cette année étaient réellement intrigants, voire de très bonne qualité.
Très peu a été écrit en France sur Lee Chang-dong. Pourtant, beaucoup de textes, de paroles et de critiques semblent lui accorder le statut d'incontournable dans le cinéma coréen actuel. Autant son cinéma fait office de poids lourd, aux qualités indéniablement avouées, autant il échappe souvent aux réflexions et aux échanges, car paradoxalement porté par une certaine préciosité. L'arrivée tardive de l'écrivain au cinéma, sa filmographie restreinte, la rareté de ses entretiens, travaillent un certain mystère de l'homme qui livre peu sur la préparation de ses films. La rencontre directe avec le cinéaste en juin dernier, durant la projection de Poetry pour l'exposition de « La Délirante » à Paris, confirma ce secret : Lee Chang-dong présenta de manière concise son film, drapé dans sa veste élégante, sage silhouette remerciant timidement les spectateurs après la projection.
« VOIR UN FILM 17 FOIS ET PLEURER 15 FOIS », conférence d'Adrien Gombeaud sur le mélodrame coréen
I CAME FROM BUSAN, de Jeon Soo-il, projeté dans le cadre de la Carte Blanche données au directeur du festival de Pusan
Hasard du calendrier, le dernier film de Jeon Soo-il répondait étonnamment à la conférence d'Adrien Gombeaud, délivrée la veille au Forum des Images. Tandis que celle-ci s'emparait du mélodrame coréen, en particulier de son âge d'or sur la période des années 1950 à 1970, I Came From Busan prolongeait certaines caractéristiques relevées par le critique. Mais le film de Soo-il devenait aussi révélateur d'un autre paysage, celui de l'actuelle production sud-coréenne et de son complexe héritage des formes du passé.
Projeté au Cycle Séoul Hypnotique au Forum des Images.
En revoyant The Host, six ans après sa première découverte sur un petit lecteur DVD du salon familial, se dessine l'évidence que le film de Bong Joon-ho demeure l'un des meilleurs films d'action du nouveau millénaire.
Le monstre a regagné sa légitimité depuis quelques années dans le cinéma, avec les récents Cloverfield (Matt Reeves, 2008), Godzilla (Gareth Edwards, 2014) ou Jurassic World (Colin Trevorrow, 2015). Par légitimité, j'entends son inscription dans un cadre réaliste, et la mise en rapport du monstre avec des structures socio-historiques bien précises, en construisant l'image d'une lourde menace. Est-ce à dire que The Host amorce ce retour à une représentation terrifiante, qui se fonde à la fois sur une totale virtualité et le gain de détails réalistes, du monstre de cinéma ?
La cinéphilie se partage parfois en famille. Depuis notre découverte de Memories of Murder, puis de The Host sur un petit écran familial, ma sœur, mon frère et moi-même sommes devenus instantanément fans de Bong Joon-ho, et de son acteur fétiche Song Kang-ho, et dont les films furent une brèche à la découverte de Park Chan-wook, Kim Jee-woon ou encore Lee Chang-dong. C'est ainsi avec une grande impatience et une excitation d'enfant que mon frère et moi sommes allés découvrir ensemble Snowpiercer, le dernier film de notre héros d'adolescence, lors de sa sortie en 2013. Nous en sommes sortis divisés et avions entrepris une critique dialoguée.
Ce dialogue, jamais publié pour d'obscures raisons de perte de ses brouillons, est enfin déterré et publié à l'occasion de ce trimestre du cinéma coréen à l'oeuvre en France !