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mirabelle-cerisier 金の桜 - Page 5

  • SWORD ART ONLINE / HIRUNE HIME / YOKAI WATCH

    3 FILMS D’ANIMATION JAPONAIS

     

    2017 ne fut guère la meilleure année pour les productions venues du Japon. Retour sur trois d’entre elles, distribuées par Eurozoom.

     

    SWORD ART ONLINE : ORDINAL SCALE (ソードアート・オンライン -オーディナル・スケール-)

    Tomohiko Itō

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    Sans rien connaitre de la série initiale à laquellet il fait suite, je suis allée voir avec curiosité ce Sword Art Online Ordinal Scale fort populaire dans son pays. Situé dans un Japon futuriste, le film suit le retour à la vie d’une poignée de jeunes personnages s’étant retrouvés piégés pendant plusieurs mois au sein d’un jeu virtuel mortel. Mais la réalité, transformée durant leur absence, n’est pas non plus à l’abri des dérives technologiques. Une nouvelle machine fait en effet son apparition, et propose un concept de réalité virtuelle augmentée dans la vraie vie.

    Une fois de plus, le même refrain s’est glissé dans ma tête d’animephile : pourquoi diable soumettre un récit potentiellement riche sur la question du jeu vidéo et de l’invasion virtuelle aux poncifs du genre ? Car Swort Art Online est l’exemple même d’une production alléchante sacrifiée aux tendances du moment. Un peu à l’instar des adaptations de super-héros pour Hollywood, les derniers films d’action d’animation japonaise déçoivent à rebattre les mêmes astuces de mise en scène des batailles, les mêmes conclusions scénaristiques, et les mêmes personnages peu ambigus – en outre souvent doublés par les voix de seiyuu connus. Sword Art Online, en l’occurrence, s’adonne au faux plaisir du lieu commun par une dernière partie de film au gigantisme ronflant, où les batailles contre les monstres s’accumulent, et, pire encore, où le personnage masculin prend plaisir à sauver ses conjointes féminines. L’escalade vers ce final s’explique notamment par la vacuité des protagonistes principaux, des adolescents sans grandes singularités…

    La tournure conventionnelle du film est en outre à regretter au vu de la très bonne qualité d’animation, assurée par le studio A1-Pictures – à l’origine de quelques séries remarquables comme leur adaptation d’Ao no exorcist ou le très perturbant Shinsekai yori. Tomohiko Itō retrouve les collaborateurs de la série d’origine, et sont notamment appréciables le soin tout particulier porté aux décors urbains (Takayuki Nagashima), de même que des effets spéciaux numériques très élégants dans la représentation du monde virtuel (Ryuta Undo, qui avait notamment travaillé sur le visuel de quelques épisodes du Paranoïa Agent de Satoshi Kon). Les premières scènes de bataille dans la ville impressionnent grandement, notamment parce qu’elles jouent sur la dualité entre la réalité et la réalité augmentée de la nouvelle machine. Là se situe le second regret du film, dans ce détail de perception travaillé sur le premier tiers puis vite délaissé dans un souci de conformation aux enjeux de l’action. Pourtant, dans ce concept de réalité augmentée proposé par Sword Art Online pointaient des réflexions très intéressantes. Les personnages s’enfermaient dans une immédiateté du commentaire et d’une course au partage virtuel peu éloigné de notre société actuelle. La conversation de quelques lycéennes au café, qui se défient mutuellement via les écrans affichés sur leurs yeux laisse durablement réfléchir, beaucoup plus que la succession d’exploits graphiques creux qui leur succède dans le film.

     

    HIRUNE-HIME, RÊVES ÉVEILLÉS (ひるね姫 〜知らないワタシの物語, HIRUNE HIME SHIRANAI WATASHI NO MONOGATARI)

    Kenji Kamiyama

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    Après son impressionnante réadaptation de la série de science-fiction Cyborg 009 (Re:Cyborg 009, 2012), j’attendais beaucoup du nouveau long-métrage de Kenji Kamiyama. J’étais également fort intriguée par son changement de public et de style, loin des mondes SF apocalyptiques. En cela, l’année 2017 vit deux auteurs adultes se tourner soudainement vers une audience populaire, avec plus ou moins de succès – Kenji Kamiyama, donc, et Masaaki Yuasa avec Lou et l’île aux sirènes.

    Malheureusement pour le réalisateur de la série Ghost In the Shell, son projet original ne séduit guère. Les erreurs d’écriture et encore plus de rythme dans l’imbrication de ses deux univers – dont l’un, on le comprend vite, se révèle une déformation fantaisiste préservant l’héroïne d’une situation familiale trop douloureuse – n’aident pas à la réussite du film. La volonté d’intégrer trop de personnages et trop de sous-intrigues, et cela à travers une double-vision de la réalité, pose réellement souci au suivi du film. Le réel passé des parents de Hirune, trop imbriqué dans des couches et des couches de propositions narratives et visuelles, se révèle laborieux à appréhender. Par exemple, le second monde imaginaire, celui du conte lu à Hirune enfant, accumule les influences : château comme chez Cagliostro (ou Grimault), robots du cyberpunk, courses à motos, magiciens, pirates, peluches parlantes… Rajoutons à cela le fait que la petite princesse héroïne de cet univers cumule trois identités confondues : Hirune enfant, Hirune l’adolescente actuelle, et la réincarnation de sa mère. Certes, les Japonais sont souvent maîtres de l’assimilation des références, particulièrement en animation, mais la diversité des détails ne se fond pas ici dans un moule homogène. Les lourdeurs de scénario comme les raccourcis peu convaincants dans l’intrigue ruinent d’emblée la cohérence du tout – et nous sommes loin des films fractals de Satoshi Kon, à qui il avait probablement fallu beaucoup d’intelligence et de finesse pour parvenir à tout relier.

    Cette dissémination de la matière fait que l’on suit avec vague intérêt les aventures de l’héroïne, elle aussi peu convaincante. Une vague adolescente au caractère affirmé, sans réel mystère intérieur ou mélancolie présente – un comble dans le cadre d’une recollection des racines familiales.

     

    YO-KAI WATCH LE FILM (妖怪ウォッチ 誕生の秘密だニャン- YŌKAI WATCH : TANJŌ NO HIMITSU DA NYAN !)

    Shigeharu Takahashi, Shinji Ushiro

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    Il ne faut décidément jamais se fier aux apparences, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’animation. De ces trois longs-métrages distribués par Eurozoom, Yo-kai Watch, pour lequel j’allais à reculons, se révéla le plus réussi. Certes, un divertissement pour enfants, mais fort bien animé, bien écrit, bien rythmé. Et loin d’être aussi stupide que ses quelques blagues grotesques pouvaient le laisser supposer.

    A première vue, Yo-kai Watch, avec son jeune personnage dont la montre lui permet de voir et de capturer les créatures yokai, s’inscrit dans le même argument que Pokémon, logique des produits dérivés comprise. Pour autant, le film assume entièrement cet héritage, lui rend hommage tout en s’en déjouant. A plusieurs reprises, certaines scènes des épisodes les plus célèbres de Pokémon – notamment ceux qui consolident le lien entre le héros Sacha et son compagnon Pikachu – reviennent dans les mémoires, mais sous une tournure plus parodique. Il y a clairement un aspect « bête et méchant » tantôt d’une ironie très réjouissante, tantôt d’un vulgaire très agaçant, totalement assumé dans Yo-kai Watch. Les monstres capturés par la montre sont grotesques, laids et maladroits et renvoient aussi à l’univers d’Akira Toriyama, le créateur de Dragon Ball et Dr Slump.

    Le film séduit par l’autre corde qu’il adjoint à l’univers déjà décliné du Yokai Watch. Car transparaît un certain souci pédagogique en creux des aventures grand-guignolesques du jeune garçon principal et de ses monstrueux compagnons de route. Déjà, la référence aux yokai, ces créatures ni foncièrement mauvaises, ni réellement sympathiques, permet d’intégrer quelques références au folklore traditionnel japonais, d’emblée marqué par un certain humour. Ensuite, le héros de ce film remonte le temps pour partir à la rencontre de son grand-père, du même âge que lui. L’allure zemeckisienne de l’ensemble joue sur de nombreux gags comiques, mais aussi sur le contraste entre un petit garçon des années 60 et celui des années 2010. Lorsqu’il fait face à son grand-père, Nathan se moque de son côté « ringard » et notamment de sa fascination pour un super-héros de l’époque dont les aventures en noir et blanc passe à la télévision. L’aventure du personnage se dirige alors vers une autre victoire : celle où il abandonne ses préjugés et s’aperçoit que son ancêtre familial partage le même enthousiasme que lui peut éprouver pour les héros de 2010. Le message de cette conclusion fait plaisir à voir.

  • Cinéma d'ailleurs - 120 Battements par minute

    NOTE : ce post inaugure la catégorie « Œuvres d’ailleurs », consacrée à de ponctuels textes sur des créations sans rapport avec l’actualité asiatique. Plus précisément, cette catégorie accueille les textes auparavant publiés sur le blog Lysao – blog officiellement mis à l’arrêt depuis octobre 2017.

     

    Dansons dansons sinon…

     

    120 BATTEMENTS PAR MINUTE - Robin Campillo

    Dans la chaleur nocturne d’un soir de canicule parisienne, la célèbre phrase de Pina Bausch résonne à mes oreilles après les 2 heures 20 de projection. Le film s’achève sur les corps clignotants et les têtes embrumées. Scène ouverte, destins en suspens de ceux qui continuent la lutte. Le final se révèle antithèse de l’ouverture du film, où les militants se cachaient derrière un rideau, en coulisses de leur propre histoire. Sur le boulevard de l’Opéra, la surexcitation des Parisiens venus profiter de leur Cannes à la capitale a laissé place au silence feutré, aux yeux troublés et aux langues qui ne réclament qu’une fraîcheur alcoolisée. Moi je songe à cette phrase de Pina : “Tanz tanz sonst sind wir verloren”, “Dansons, dansons sinon nous sommes perdus”.

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  • Lou et l'île aux sirènes

    Pop Water Idol

     

    LOU ET L’ILE AUX SIRENES (夜明け告げるルーのうた YOAKE TSUGERU LU NO UTA) - Masaaki Yuasa

    Pour les spectateurs français qui ne connaissent pas Masaaki Yuasa, l’un des animateurs les plus inventifs de la décennie, Lou et l’île aux sirènes ne sera pas l’œuvre la plus réussie de son parcours, ni la plus pertinente à explorer. Yuasa a fort bien plus à prouver dans le domaine de la série, où il déploie bien plus d’idées et de thématiques, que dans le contenu d’un long-métrage qui peine à équilibrer toutes les idées qu’il souhaite y intégrer. En résulte un film artificier, qui explose d‘expérimentations, mais implose en idées et discours.

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  • Office

    Singing, sinking in the money

     

    OFFICE (HUA LI SHANG BAN ZU) - Johnnie To

    Une satire grinçante sur la crise financière en forme de comédie musicale et en 3D, le projet de Johnnie To avait de quoi faire tourner de la tête. Et laissait imaginer un violent drame vertigineux qui ferait date dans la filmographie du cinéaste hongkongais. Mais… Le coup d’éclat promis n’est pas là ; à la place ce film élégant mais inégal, dont la dimension tragique se révèle plutôt superficielle.

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  • I am not Madame Bovary

    Sortir de son histoire

     

    I AM NOT MADAME BOVARY (WO BUSHI PAN JINLIAN) - Feng Xiaogang


    I am not Madame Bovary est le premier film de Feng Xiaogang qui arrive sur nos écrans. Il réveille le souvenir du dernier opus de Jia Zhangke, Au-delà des montagnes : ambitieuse relecture de petits destins par-delà les temps, embrassade du passé comme du présent, changements de formats au rythme des métamorphoses internes du personnage… Mais I am not Madame Bovary impose un écrin unique, celui de cette forme circulaire empruntée à la peinture miniature.

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  • Sans pitié

    T’as de beaux bleus, tu sais

     

    SANS PITIE (BULHANDANG) - Sung-Byung Hung

    Bancal, le film sud-coréen projeté à Cannes ? Certes, mais bien plus réjouissant que tous les blockbusters américains de ces derniers temps. Il suffit parfois de quelques biceps, de costards et d’attitudes classes et de beaucoup, beaucoup de sang, pour convaincre.

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  • Momotaro le divin soldat de la mer

    Un air d’accalmie dans l’océan patriotique

     

    MOMOTARO LE DIVIN SOLDAT DE LA MER (MOMOTARO UMI NO SHINPEI, 1945) - Mitsuyo Seo


    Restauré à l’occasion des 100 ans de l’animation japonaise et pour sa commémoration à la Japan Expo début juillet, Momotaro le divin soldat de la mer est considéré comme le premier long-métrage d’animation japonaise. Un statut qui se doit d’être mise en parenthèses pour aborder les vrais vrais singularités du film, mais également son problématique discours.

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  • Japan Expo 2017

    JAPAN EXPO 2017

     

    Une fois n’est pas coutume, je me suis dit qu’il était temps de tenter l’expérience de la Japan Expo, incontournable - ou pas ? - pour tout rêveur du pays du soleil levant. Je dois avouer que ma curiosité était plus attisée par l’événement Anime 100 et la venue de prestigieux invités pour l’occasion, que par la convention elle-même. Petit article sur mes tribulations de blogueuse journaliste parmi les stands et les cosplayeurs.

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  • Critique de Creepy

    Le Mal a un visage

     

    CREEPY (2016) - Kiyoshi Kurosawa


    La transition est depuis longtemps assumée. Depuis Real, Seventh Code et Vers l’autre rive, le visible s’est installé, l’invisible s’est effacé. Par son retour à son genre d’origine, le thriller, Creepy affirme, plutôt que la rupture, la fusion entre les deux temps. C’est un film semi-visible / invisible. Ce compromis entre la visibilité et l’invisibilité fait une balance entre la clarté et l’explicite (au grand dam des premiers fans de Kurosawa), et s’instaure définitivement comme une porte d’entrée pour un nouveau public, plus large, qui le méconnaît.

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  • Critique du Jour d'après

    Cette capacité à oublier

     

    LE JOUR D’APRES (GEU-HU) - Hong Sang-soo

    D’une confusion délicieuse, le dernier film de Hong Sang-soo repousse avec malice les frontières du vaudeville et charme par ses patients jeux de subversion des tons. Il laisse en outre transparaître, à travers ce vaudeville à quatre, son éclatant amour pour l’actrice Kim Min-hee.

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