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Seventh Code

Une Fantaisie à la Pierrot

SEVENTH CODE – Kiyoshi Kurosawa

Film projeté dans le cadre du festival du Film Japonais Contemporain à la Maison de la Culture du Japon, Seventh Code est un petit ovni glissé dans la filmographie de Kurosawa, entre le romantique Real et son prochain film de fantômes à venir, Journey to the shore, déjà sorti au Japon.

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Ce choix de programmation se révélait intéressant dans le cadre du Kinotayo de 2014. Car il ne s'agissait point du nouveau long-métrage de Kiyoshi Kurosawa, mais d'un film pour le clip de la chanteuse Atsuko Maeda. Seventh Code démontre bien que l’œuvre de commande continue d'être importante dans le parcours des réalisateurs japonais pour pouvoir continuer leur activité. Et, même dans ce cadre – la réalisation d'un film accompagnant la nouvelle chanson de Maeda – le cinéaste japonais ne renonce pas à sa créativité. En ce sens, Seventh Code est un étonnant film. Kurosawa, présent à la fin de la projection, a volontiers cité Pierrot Le Fou (Jean-Luc Godard, 1965) pour expliciter son dernier plan, ce qui n'a manqué de surprendre certains spectateurs. La référence n'est pas anodine car se dégage justement de Seventh Code une légèreté, une liberté et une audace proches de celle dégagée par le couple Ferdinand-Marianne dans le film de Godard. Dès le départ, le personnage incarné par Maeda détonne par son comportement à la fois insouciant et tenace, loin d'être découragé par les kidnappings et les menaces, courant dans les rues et entre les herbes.

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Point de discours social dans ce film, mais plutôt une imbrication étonnante de fils différents : les intrigues, toutes juste ébauchées, se croisent, se lient et se délient. Le comportement quasi fangirl d'une jeune lycéenne va ainsi effleurer le milieu de la mafia russe, des expatriés d'Asie vont dévoiler leurs histoires singulières, la romance absurde va virer au policier, au film d'action puis à la comédie... et la liberté sera revendiquée à travers le texte de la chanson de Atsuko Maeda, intercalée au montage entre les deux dernières séquences du film.

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La mise en scène très fine de Kurosawa incarne ces imbrications. Mais, plutôt que de les appuyer, elle les intègre avec finesse et discrétion. En marge ou en arrière-plan des agissements de son héroïne s'insinuent, se glissent et se développent ces couches cachées, que ce soit la silhouette d'une exilée qui repart en voyage, les échanges douteux d'argent au fond de ruines abandonnées, ou tout simplement le décor russe, avec ses champs ou ses rues plates, aux antipodes des rues tokyoïtes. La profondeur et la mise en scène font surgir ce que l'agencement fantastique amenait déjà dans les précédents films de Kurosawa. Dans Kaïro, Cure, ou Shokuzai, la création de l'angoisse s'appuyait aussi sur l'agitation constante d'éléments parasites dans le plan, en contradiction avec le discours des personnages. Un rideau s'agitant, une silhouette se promenant derrière les vitres, ou le mouvement de la lumière sur le sol d'un gymnase ayant abrité un drame... Les scènettes incrustées dans le cadre de Seventh Code ont la même fonction que ces nombreux parasitages, qui structurent autant qu'ils troublent les récits de Kiyoshi Kurosawa.

 

La présentation au festival Kinotayo du film par Kurosawa :

https://www.youtube.com/watch?v=8D3b7lTfyEM

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