Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis
Les Anges déchus
L'image révoltée comme les personnages
LES ANGES DECHUS (FALLEN ANGELS, 1996) – Wong Kar-wai
C'est un film sur des personnages désaxés, au bord de l'implosion, au bord de la crise, tous marqués par un souci de communication avec le monde extérieur. Le coup de force d'un de ces premiers films du célèbre réalisateur hong-kongais est de nous faire basculer directement dans l'esprit de ses personnages : le visuel et l’esthétique si vertigineux du cinéaste prolongent ici l'état d'esprit de ses personnages. Habilement, les affres de chacun emplissent l'écran les unes après les autres, dans une folle succession d'images détournées, désaxées, déchues de tout caractère réaliste. L'utilisation fréquente et presque provocatrice du grand angle à tous les plans fait que l'écran semble se tordre comme une feuille de papier sans cesse pliée dans tous les sens, à l'image de ce bouillonnement intérieur que vivent les protagonistes.