Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis
Sparrow
Sortons nos parapluies
SPARROW (2008) – Johnny To
Après le sublime Exilé (2007), Johnny To nous livre un nouveau film toujours aussi enthousiaste et distrayant. Il est à préciser que Sparrow n’est pas un thriller noir et stylé, mais un film oscillant entre la comédie romantique, musicale et l’action. Johnny To s’en donne à cœur joie dans un Hong-Kong coloré et bondé, jouant sur le côté labyrinthique des lieux. Tel Vincente Minelli avec Un Américain à Paris (cf critique), To s’immisce dans Hong-Kong tel un touriste enthousiaste, observant les gratte-ciels, se frayant un chemin dans le trafic de voitures ou prenant en photo les jolies femmes pressées.
L’acteur Simon Yam (qui jouait un boss mafieux insupportable dans Exilé) est le représentant du réalisateur, scrutant avec son visage rond et jovial les curiosités de la ville. Chef d’une minable bande de pickpockets, il prend plaisir à orchestrer ses sorties, à mettre en place toute une chorégraphie de l’art de dérober. A l’instar des fusillades stylisées d’Exilé, la caméra saisit ce prétexte du vol à la tire pour se délecter de travellings audacieux, de ralentis embellis sur une bande sonore éblouissante ou de jeux de mains à plusieurs. Une scène sidérante par son rythme et sa précision représenta au mieux cette chorégraphie, faisant le clin d’œil à Gene Kelly : le duel sous les parapluies noirs de Hong-Kong est d’une beauté sidérante, où chaque geste prend son importance, à l’effet éblouissant. Sparrow se définit d’abord comme un plaisir cinématographique, ponctué de rebondissements efficaces, scandé d’énergie (mis à part un premier quart d’heure un peu errant), de personnages truculents et d’un humour facile, sans pour autant être désagréable.

Le film repose essentiellement sur les superbes prises de vue, et la photographie magnifique, se prêtant aux multiples jeux de cache-cache des personnages dans les rues de Hong-Kong ; et sur la bande musicale, propice à une comédie musicale asiatique, insistant sur les petits refrains au piano et les violons entraînants. Simon Yam bondit, marche, tourne avec vivacité dans les rues, dérobant au passage quelques billets, donnant des ordres, envoyant des coups d’œil ironiques. Sous ses ordres, trois acteurs un peu déconcertés par sa joie de tourner, et légèrement décevants, n’insufflant pas la même énergie au film, mais suivant Simon Yam dans son numéro avec motivation.
Quant au personnage de Kelly Lin, il est symbolisé ce moineau qui s’immisce entre les murs (part ailleurs, je vous conseille le film du même titre, qui fera l’objet d’une très longue critique) de Simon Yam au début du film. Car cet oiseau au charme fier et discret va amener bien des ennuis à nos quatre pickpockets. De plus, le titre, Sparrow, est un mot anglais comportant deux significations : moineau et pickpocket. Car le film représente essentiellement une rencontre entre deux classes sociales (la luxueuse femme d’un mafieux et des pickpockets ridicules). Chacun n’hésite pas à jouer l’autodérision de son personnage, Kelly Lin jouant sur sa beauté à talons aiguilles, telle une égérie de Wong Kar-Wai, exaspérant dans son rôle de séductrice ; tandis que les quatre pickpockets redoublent de naïveté et de bonhomie, cherchant à jouer les professionnels, en vain. Ce quatuor peut rappeler celui des quatre tueurs à gages d’Exilé, composé de même manière : un chef réservé et se voulant impartial ; un jeune généralement troublé par les événements et deux acolytes un peu maladroits et redoublant d’originalité pour duper leurs adversaires.

Ainsi, Sparrow joue essentiellement sur la métaphore d’un moineau tapageur, séduisant par sa vivacité et sa précision. Moins impressionnant et complexe qu’Exilé, il n’en reste pas moins agréable et amusant.













Histoire et divertissement
autour du thème du feu, mais rejoint aussi une gamme de couleurs chaudes propres à l'Impératrice. Doré des costumes, rouge des capes qui claquent, orange des bannières qui volent. Tout un imaginaire chinois est retrouvé dans ce film, à travers une intrigue inexplicable et des phénomènes mystiques peu à peu supplantés par l'explication scientifique (les corps qui brûlent, l'apparition du prêtre sous forme d'un cerf). Ceci rappelle la méthode de Sherlock Holmes. Cependant, si le scénario du film de Guy Ritchie était d'une simplicité et d'un conventionnalisme déconcertants, Détective Dee réussit à captiver. Car le protagoniste principal n’est pas le seul à tendre ses efforts vers la résolution. D'autres, motivés par diverses raisons, font preuve d'autant intelligence et ruse, émettent des hypothèses, devancent le détective ou entravent son parcours. Le personnage de l'albinos (qui a par ailleurs conquis pas mal de cœurs féminins à la sortie du film...) en est l'exemple, dont la quête est aussi passionnante que celle de Dee. Ce dernier suit ainsi un parcours tortueux avant d'accéder à la vérité, dérouté par de multiples rebondissements, attaques, ou entraîné par de fausses pistes (celle du poison dans la gourde, explication qui semble évidente de prime abord, sertie par de gros plans trompeurs sur l'objet)
Dee
d'autant plus que les personnages s'avèrent assez finement travaillés. Une bonne partie des stars de cinéma en Chine sont d'excellents acteurs (contrairement à une bonne pléiade d'acteurs français renommés...). Andrew Lau, l'heureux réalisateur d'I