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Bradio

BRADIO - Break the Rule And Do Image On

 

Takaaki Shingyoji, Frontman

Soichi Ohyama, Guitare et chant

Ryosuke Sakai, Basse et chant

Yuki Tanabe, Batterie et chant

 

Le hasard des recherches et des aléas des playlists Youtube m'a fait croiser, entre les nombreux groupes de Japanese-Pop en vogue, ce quatuor atypique et fringant dans le paysage musical nippon. Le jeune groupe Bradio, s'il revendique son étiquette funky et un certain goût du vintage, présente de réelles qualités musicales et prend plaisir, encore plus sur ses dernières créations, à subvertir les genres.

 

C'est en écrivant pour l'excellent site Mashupcinema que j'ai découvert le groupe Bradio. Pour la parenthèse, Mashupcinema est une passionnante plateforme consacrée aux différentes formes de mashup dans le cinéma et les médias, recensant le maximum de propositions à l'oeuvre aujourd'hui. Le site reconnaît des ancêtres comme le found footage et les cinéastes de l'archive, et regroupe de nombreux essais sur cette forme fort contemporaine. J'apporte depuis quelques mois ma pierre à l'édifice en travaillant sur l'animation japonaise. Au cours de premières recherches centrées sur le clip et l'opening nippons, j'ai croisé les créations de Bradio, dont les chansons ont dynamisé des animes singuliers comme Death Parade ou Peeping Life. Non seulement la coupe afro du leader m'a surprise, mais plus encore le ton décalé d'une pop flirtant plus du côté du funk.


Flyers, 2015

"Flyers" est la chanson du générique de l'anime Death Parade, tout aussi décalé que le groupe musical. Il restitue en partie l’univers de la série, où une série de protagonistes se livrent à des jeux mortels qui décideraient de leurs sort. Mais il montre aussi le goût d’un clinquant poussé chez Bradio : clinquant volontiers vintage, presque grotesque, qui passe par les costumes et les décors, mais aussi ce montage aux incrustations délicieusement voyantes. La facilité avec laquelle le clip propose ces effets rappelle totalement les créations de Cyriak.


Back To The Funk, 2016

A travers de nombreux clips et leurs performances sur scène, le décalage est travaillé à travers ce quatuor, qui aborde nœuds papillons, smokings rougeoyants ou pailletés, microphones et décors scéniques des années 1950, ou encore pole dance, chanteuses noires (clin d’oeil aux Supremes), looks des années 1970. Les temps se confondent mais n’agissent pas en contradiction. L’énergie du quatuor est telle qu’ils s’adaptent avec aisance à ces diverses modes musicales et vestimentaires.

Evidemment, ce qui électrise en grande partie BRADIO, c'est son chanteur surprenant. Difficile de ne pas éclater de rire dès qu’il apparaît dans "Flyers", avec sa fière tignasse à contre-courant de sa propre culture ! Takaaki Shingyoji n'hésite pas à percher la voix quand il le faut, à prolonger longuement les notes, à casser l’harmonie vocale. Les trois musiciens et chanteurs qui l'accompagnent rivalisent en accentuant des choeurs aigus ou créant ce rythme très intense des morceaux.


Take Me Higher, 2014

Les clips du groupe, évidemment, partagent un certain goût pour le mashup. Et, en l'occurrence, le mashup à l'ancienne, volontairement grotesque, aux incrustations outrageusement voyante. Les nombreuses recherches m'ont prouvé que les autres clips contemporains préféraient la propreté de l'alliage entre le décor, même fantastique, et les chanteurs, en bref l'unité esthétique total. BRADIO lui s'autorise des chemins totalement décapants, misant à fond sur la carte du funk et du groove, mais aussi sur un amusement fou et énergique. En témoigne le clip de la chanson créée pour la série animée Peeping Life, et qui emprunte au divertissement cinématographique de science-fiction, comme Star Trek, Star Wars, Jurassic Park...


Hotel Alien, 2016

 

“Hotel Alien” est l’exemple le plus poussé dans la folie clipesque du groupe. Au-delà, l’imaginaire renvoie aux univers de leurs influences, notamment James Brown et Michael Jackson ; et peut-être Bruno Mars au niveau contemporain, avec qui Bradio partage une proximité qui n’a pas échappé à certains internautes - certains mashups musicaux croisent en effet les créations de la star américaine avec celle du groupe japonais. proximité plus contemporaine avec Bruno Mars. Le style musical de Bradio présente néanmoins une originalité moins aseptisée que Bruno Mars, et une dynamique plus directe et aisément délurée, par ce désir constant du strass, des paillettes et du déguisement.

Mais le groupe donne aussi parfois dans des compositions plus romantiques et “sages”. C'est là où le chanteur expérimente le plus, alors que la partie musicale ose moins de solos ou de rythmes nouveaux. L’instrumentation demeure simple, en retrait de la création vocale, surprenamment douce. Même si ces chansons paraissent moins inspirées, car moins clinquantes, loin de l’énergie, elles reflètent une part de création fort intéressante, notamment dans les aigus du chanteur.


You Make Me Feel Brand New, 2015

 

 Gift, 2016

 

Ces derniers temps, Bradio revient sur une veine plus rock and roll et légèrement moins funky. Les clips reflètent cela, par des décors et des costumes plus contemporains. Faut-il y voir un effet d’universalisation de la part du groupe, qui remporte de plus en plus de succès dans son pays ? Bradio semble s’engager sur de nouvelles voies, et sortir de ses premières références… Avant d’attendre la révolution promise dans son dernier titre, il est clair qu’il se joue une mutation certaine.


Revolution, 2017

 

 

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