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Detective Dee 2 : La Légende du dragon des mers

Un Fantastique démesuré

DETECTIVE DEE 2 : LA LEGENDE DU DRAGON DES MERS (DI RENJIE : SHEN DU LONG WANG) – Tsui Hark

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Ce prequel à l'excellent Detective Dee : le Mystère de la flamme fantôme s'impose plus comme une fantaisie de la part de Tsui Hark plutôt qu'un véritable second volet. Detective Dee 2 diffère ainsi radicalement du premier, que ce soit dans son esthétique ou dans ses choix narratifs.

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Le premier volet proposait brillamment une enquête prenante, révélant la complexité d'une époque, du pouvoir de l'Impératrice, tout en composant un Dee désabusé et torturé. Ainsi, à la flamboyante réalisation s'alliaient une certaine finesse de regard et des personnages aux convictions très différentes. Detective Dee 2, lui, prend la direction d'un divertissement beaucoup plus fantaisiste. La proposition d'un Dee plus jeune confère à l'enquête du film un dynamisme revigorant et un malin penchant vers l'absurdité. Les scènes d'action gagnent en spectaculaire, en ampleur, et en effets spéciaux, et le rythme soutient la surenchère de l'entreprise.

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La Légende du Dragon des mers ancre définitivement le propos dans le fantastique, ou du moins dans une atmosphère abracadabrantesque au possible, étonnamment riche en références. À la texture sombre et tortueuse du premier volet répond une abondance de tons et de décors divers dans le second, plongeant dans les rues agitées de la capitale jusqu'aux rivages d'une île exotique et lugubre, s'engloutissant dans des palais ou des mares de nénuphars, et offrant parfois de somptueux dégradés de couleurs (lors de la séquence dans la teinturerie en particulier). Dans ce film dégouline véritablement ce plaisir de Tsui Hark à filmer ses jeunes héros, tous des acteurs ou chanteurs populaires de Hong Kong, et à les confronter aux situations absurdes. L'esthétique du film assimile, dans ce même plaisir, les références les plus diverses, reprenant la virtuosité du wu xia pian, la rivalité camarade du film de kung-fu, mais également l'artifice du film de monstres. Les créatures du film dégagent une excentricité proche des films fantastiques américains des années 1950, et le film assume entièrement l'aspect artificiel des effets spéciaux. Ce n'est donc plus la révélation de l'artifice et sa dé-construction par les explications scientifiques d'Andy Lau dans le premier volet, mais bien plus le choc de la raison du détective contre un fantastique démesuré et sublimé.

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En ce sens, le film n'est pas dénué d'humour et offre des séquences d'action absolument jouissives, car elles osent à l'étalage des idées les plus tortueuses. Le plan de Luoyang, cloué au mur dans le Temple Suprême, se transforme donc aisément sous le regard scrupuleux de Dee, devenant cartographie animée et reconstituée. Lorsqu'elle est convoquée, l'intelligence du personnage est sans cesse le moyen de propulser les retouches numériques ou les incrustations, faisant sentir et agir la logique des événements. Une telle émulation du visuel et du son au service du travail mental n'est pas sans rappeler les visions de Sherlock Holmes dans les deux films de Guy Ritchie. L'aspect scientifique abonde ainsi en trouvailles décapantes, tels le repoussant antidote contre un thé empoisonné (doublé d'un gag en cours de générique), les rejets exorcisants de parasites sur les corps des nobles ou encore les batailles contre d'une créature marine gigantesque. En outre, Tsui Hark offre à son personnage une nouveauté, celle d'une faiblesse. Dee ne sachant pas nager, ce manque est comblée par une spectaculaire séquence maritime de course-poursuite... à cheval.

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Loin de son divertissement, Detective Dee 2 ne présente cependant pas la richesse émotionnelle présente dans le premier film. Le raffiné Andy Lau confrontait d'excellents ennemis. Mark Chao est un second détective très convaincant, mais ceux qu'il rencontre n'atteignent pas la même force que dans le précédent volet, et desservent bien plus les ressorts scénaristiques auxquels ils sont rattachés. Le protagoniste de Zhenjin (William Feng) offre certes un rival charismatique et dont le sérieux contraste avec l'humour désabusé de Dee, mais sa relation entreprise avec le détective reste en surface celle de batailles partagées. Angelababy, jouant la courtisane, et Lin Gengxi dans celui de Shatuo endossent des habits déjà usés, loin de la grâce de Li BingBing ou de Carina Lau. À ce film de Tsui Hark manque de véritables affrontements, non pas visuels, mais psychologiques.

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