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Zatoïchi

Coups de sabres et numéros de claquettes

ZATOICHI (2003) – Takeshi Kitano

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Le film s’inspire d'une célèbre série des années 1970. Kitano en retire l'atmosphère de la période Edo où se situe l'action, et son caractère mêlé de corruption, de débauche, de misère. Et il y apporte deux actions : celle de son sens du drame et de l'artistique ; et celle de l'appropriation du rôle de Zatoïchi dans son registre habituel.

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Zatoïchi est l'occasion de réaffirmer l'efficacité qu'accorde Kitano au thème de la violence au cinéma. S'approprier une telle reconstitution, qui plus est traversée d'un contexte de bataille bien particulier, a pu être souvent agaçant dans certains films, aussi bien américains qu'asiatiques. Mais ici, Kitano parvient à s'inscrire dans l'héritage d'un Kurosawa, dans un même sens de l'épique et du monumental, tout en y apportant sa touche particulière. Chez Kitano, la violence surgit, longuement contenue au détour d'une partie de dés ou au coin d'une rue, jaillissant du corps tranquille de la masse Kitano aux cheveux blonds. Dans Zatoïchi, il se développe ainsi une esthétique des sabres qui giflent l'air, fait gicler le sang et voltiger les décors. Il est épatant de constater que les effets spéciaux n'ont pas du tout vieilli, et les séquences d'action impressionnent toujours autant, en dépit des dix années de différence. Kitano évite en effet au maximum la surcharge de ralentis et de mouvements de caméra sur ces scènes pour privilégier une violence sèche, renforcée par son sens de la composition graphique et des lignes de fuite. Enfin, la teinte du film, dans une atmosphère jaunie et pâle, comme une vieille photographie, contribue de donner le caractère très réaliste à ces scènes et à la reconstitution en général. Kitano s'amuse même de cette esthétique développée avec de nombreux gags où le sabre surgit là où on ne l'attend pas.

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Le plus surprenant dans ce film reste enfin la tournure que prennent les événements et les protagonistes mis en place. La structure alterne plusieurs histoires, proche de celle de Dolls ou de Hana-Bi, et fait varier les registres : de la passion du jeu de Shinkichi, personnage burlesque, au drame du frère et de la sœur se reconvertissant en filles de charme pour retrouver les assassins de leur famille, le film passe de la comédie au mélodrame, du gag à la violence. S'emparer d'un genre spécifique ne relève donc pas de la fidélité chez Kitano, mais consiste bien plus à immerger ce genre de son humour et de son regard acéré, détournant les éléments. Ainsi, la séquence finale est un véritable contrepied à une attendue confrontation finale au sabre. Cette dernière a quand même lieu, et Kitano s'y réserve le beau rôle, faisant part d'une nouvelle transformation dans sa performance d'acteur. Mais cette scène se retrouve confronté à un surprenant numéro de claquettes, qui, telle une célébration finale, convertit le film de sabres en comédie musicale. Au final, Zatoïchi est peut-être l'un des films témoignant le plus du parcours de Kitano : manzaï (duos comiques), travestissements, performances de danse, mouvance physique et rythmée, et numéros de claquettes jalonnent tout le film dans une brillante efficacité.

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