Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis
Nasu - Un été andalou
NASU - UN ETE ANDALOU
Comment obtenir la meilleure combinaison cosmopolite dans un film ? Nasu remplit aisément cette condition, étant, sous l'égide des studios Madhouse, le premier film d'animation consacré au cyclisme, ce sport bien occidental, et se déroulant en Andalousie, le tout marqué par une réalisation japonaise. Oui, bien avant nos françaises Triplettes de Belleville (Sylvain Chomet), les célèbres studios japonais avaient déjà créé un film d'animation consacré au vélo et à son esprit compétitif forcené.
Durant un peu plus d'une heure, le film est présenté sur la jaquette comme une collaboration studios Ghibli-Madhouse productions, Hayao Miyazaki faisant figure d'être l'initiateur de ce projet. Affirmation un peu poussée de la part de l'éditeur DVD, les studios Ghibli n'étant pas présents dans le générique final... On reconnaît au contraire plutôt la patte des studios Madhouse à travers le choix de personnages déjà adultes, et d'un graphisme plutôt décapant qu'allant dans le sens de l'harmonie de chez Ghibli.
Le film respecte la durée d'une étape d'un Tour compétitif, où le cycliste Peppe doit traverser les landes perverses car désertiques de son pays natal, l'Andalousie, le jour où son frère se marie. A travers ce postulat sont dressés les deux thèmes principaux du film, à savoir le sens de la patrie et de la fratrie. Si l'action se passe en Andalousie, il se retrouve ce goût de la terre natale, des champs cultivés et d'anciennes traditions culinaires de la région, phase écologique que l'on peut difficilement soustraire à la majorité des films d'animation japonais. C'est peut-être à ce niveau que l'on retrouve le plus l'esprit de Miyazaki. Nasu donne une couleur dynamique à l'Andalousie, porté par les chansons typiques, les panoramiques sur les paysages, l'excentricité de ses habitants (tel l'oncle, un cas typique aussi agaçant qu'attachant), le symbole du taureau qui vient fournir de l'ombre au cycliste harassé.
Ensuite, agit le second thème, à savoir le trajet initiatique de Peppe, qui voit dans cette étape un
défi, une manière de surpasser son frère qui se marie avec celle qu'il aimait. Peppe compense la perte affective par le gain de la course, mais se rend vite compte de la différence énorme entre les deux, sa victoire n'étant que le reflet de la désillusion. Là aussi, malgré l'écart géographique se retrouve une conception du temps typique au cinéma japonais, car « cyclique » dans ce film sur le cyclisme. Peppe revient sur les souvenirs de son passé, tout comme il traverse emblématiquement sa terre natale.
On peut regretter la trop grande sagesse du film, qui ne dure qu'une heure et développe peu lethème du vélo à travers l'animation. L'opposition très virile entre les sportifs est bien mise en avant, amis c'est seulement sur la fin de la course que Nasu se permet quelques libertés dans l'animation, les cyclistes se transformant en monstres déformés lors du sprint ultime. Nasu est ainsi un agréable film, teinté d'une légère nostalgie et d'une légère, trop légère, excentricité. Il aurait été bien de voir craqueler un peu les limites de cette Andalousie sereine.