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MacBeth de Mansai Nomura

MACBETH

Mise en scène de Mansai Nomura

Le vendredi 13 juin à la Maison de la Culture du Japon

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Cette nouvelle adaptation de MacBeth par le comédien et dramaturge Mansai Nomura ne manque pas de dynamisme ni d'originalité. Mansai Nomura, figure montante du théâtre contemporain à Tokyo, présentait en juin dernier et pour la première fois en France cette reprise en japonais de la pièce de Shakespeare, après d'autres mises en scène comme celle d'Hamlet ou de Richard III il y a quelques années. Étant passé par la Royal Company Shakespeare, le metteur en scène japonais parvient à concentrer la richesse du style shakespearien tout en proposant des partis pris audacieux.

En effet, loin de la gravité habituelle du personnage, Nomura choisit de traiter le récit tragique de MacBeth par le biais de la comédie, et fait ainsi appel à des codes du théâtre populaire kyogen. Sa représentation des sorcières, toutes interprétées par des acteurs hommes – par ailleurs excellents – prennent ainsi la dimension de coquines et complices figures les événements à grands renforts de grimaces, danses, ou commentaires ironiques. De même, l'interprétation du personnage de MacBeth par Nomura est chargée d'une auto-dérision parfois déconcertante, proche du jeu des acteurs britanniques dans les pièces comiques de Shakespeare. Nomura prend plaisir à changer très rapidement de tons, et prend le contrepied de la violence de MacBeth en accentuant plus son côté couard et vaniteux. Si son jeu touche parfois grotesque, l'interprétation de Lady MacBeth par Natsuko Akiyama en face se révèle remarquable par sa contenance et sa précision.

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L'épure de la scénographie apporte ici une admirable compréhension aux tenants et aboutissants du récit de MacBeth. Par l'utilisation d'un demi-cercle en bois pivotant sur lui-même, presque comme un castelet concentrant les abus du pouvoir et son évolution, le spectacle gagne en dynamisme et en efficacité. En outre, la simplicité de cette scénographie permet de faire jaillir une multiplicité de détails dans cette structure : des ombres y apparaissent, des têtes en ressortent, des voiles en jaillissent... Même le final, contenant pourtant une bataille rendue à la schématisation, parvient à impressionner par les nombreux agencements

Les choix de Mansai Nomura sont enfin à double-facette. Derrière la façade de l'amusement et les rituels comiques surgissent parfois de somptueuses pointes tragiques rappelant à la noirceur de cette histoire. Ainsi, l'assassinat de Duncan vient amener cette image sublime où le comédien surgit du décor, entraînant sur son passage de longs fils rouges s'éparpillant sur la scène. Certains choix de direction dans ce renforcement de la tragédie rappelle cette fois-ci non pas le ludisme britannique, mais bien plus la gravité ténébreuse du cinéma japonais, en particulier chez Akira Kurosawa. Et lorsque le personnage pénètre les Enfers, le spectacle de Mansai Nomura offre sa plus curieuse expérimentation. Les corps des sorcières s'y transforment en masses électriques, la scénographie gagne une puissance presque cinématographique où les lumières et les éclairs donnent à cette plongée infernale la puissance d'un spectacle terrifiant.

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