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dans le studio Ghibli

Dans le Studio Ghibli – Travailler en s’amusant

Toshio Suzuki

Editions Kana

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Difficile de trouver la catégorie pour ce récit du producteur du studio Ghibli dont je viens de commencer la lecture. Publié par les éditions Kana, branche francophone de publications de manga, il est pourtant un récit autobiographique agrémenté de quelques illustrations, et non pas un manga, et dépeint de près diverses anecdotes concernant le studio Ghibli et ses deux fondateurs incontournables, Isao Takahata et Hayao Miyazaki. J’ai finalement décidé de le ranger dans la catégorie littérature, car il s’agit avant tout d’un récit autobiographique entrepris par Toshio Suzuki.

La seconde partie du titre « travailler en s’amusant » s’allie parfaitement avec le forme agréable et le style simple de Suzuki, en parfaite adéquation avec la légèreté sincère des productions Ghibli. Dès sa préface, intitulé « les souvenirs inscrits en nous », Suzuki évoque l’importance de la notion de l’instant présent pour les deux réalisateurs avec lesquels il collabore, notamment Hayao Miyazaki, affectueusement surnommé « Miya » qui est « un spécialiste de l’oubli ». Suzuki aborde cette notion du présent, de l’immédiateté des projets pour en déduire sa démarche de remémoration, simple et non organisé, du moins juste chronologique, qui vise à raconter diverses anecdotes précises, des lambeaux inscrits en lui, ne voulant aucunement forcer la mémoire. Ce qui en fait un récit aux multiples références, détournements, allant de citations littéraires brusquement délivrées à de percutantes phrases retenues dans les échanges avec les réalisateurs. Le livre s’organise en une série de chapitres suivant la création de la revue Animage, première revue consacrée à l’animation japonaise dont Toshio Suzuki a été le principal créateur, la réalisation de Nausicaa, la fondation du studio Ghibli… chacun introduit par une citation de l’auteur ou de ceux qu’il a rencontrés : « Quand on côtoie quelqu’un, il faut partager sa culture » ou «dévaler une pente ensemble, c’est ça, réaliser un film ». Ces courtes phrases font la spontanéité du récit, immédiatement complice avec le lecteur.

Toshio Suzuki a une formation de journaliste-rédacteur, ayant collaboré à l’hebdomadaire Asahi Geinô, et par la suite, à la revue Animage, toute première revue exclusivement consacrée à l’animation japonaise en 1978, ce qui était une grande première. C’est dans le cadre de la création de cette dernière qu’il a rencontré Takahata et Miyazaki. Sa formation et son esprit journalistique, puis ensuite de producteur fidèle à ses deux compères, en font quelqu’un d’altruiste, partageant généreusement anecdotes et un point de vue fort intéressant et précis sur les méthodes de travail des réalisateurs. Il raconte par exemple sa première terrible rencontre avec Takahata, qui refusait un entretien avec le journaliste, lui dressant  une série de remontrances durant une heure entière pour argumenter son refus. On peut aussi découvrir de courts croquis d’affiches de films (Ponyo sur la Falaise, dernier né de Miyazaki père, qui orne la couverture du livre, mais aussi Horus, Prince du soleil), des dessins inédits de Toshio Suzuki ou de Miyazaki, et même des extraits de storyboard, par exemple celui du Château de Cagliostro, témoin de la précision rigoureuse de Miyazaki. Car le récit n’est pas seulement un empilement d’anecdotes savoureuses,  il livre aussi un point de vue sur les techniques employées par le studio Ghibli, tout en ouvrant le champ à d’autres formes de l’animation (un parallèle est effectué avec Disney) et avec de multiples formes culturelles (la littérature, notamment, qui a une place fondamentale).

Je conseille ainsi l’achat de ce livre pour les passionnés des studios Ghibli, mais aussi pour ceux qui veulent avoir un aperçu sur le métier de producteur ou sur l’animation japonaise en général. Passionnant et très agréable à lire, il nous fait encore plus aimer le travail des studios sans tomber dans l’autocélébration !

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