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Les courants fourbes du lac Tai

LES COURANTS FOURBES DU LAC TAI (2010)

Qiu Xiaolong

Ed. Liana Levi

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Les Courants fourbes du lac Tai est l'avant-dernière enquête de l'inspecteur Chen parue actuellement aux éditions Liana Levi, Cyber China venant tout juste de paraître en ce début septembre. Il s'agit de la troisième enquête du si charismatique inspecteur Chen que je découvre, après La Danseuse de Mao et Encres de Chine (ce dernier n'ayant pas eu de critique, mais s'étant néanmoins révélé très intéressant). Le récit fait toujours la part belle à une fine analyse de certains thèmes polémiques en Chine, et, dans le cadre de cette enquête, encore plus au niveau international. En effet, et c’est ce qui fait tout d'abord le grand intérêt de ce roman, Les Courants fourbes du lac Tai s'attaque au phénomène de pollution engendré par les grandes entreprises venues s'implanter dans des villages pour profiter des ressources naturelles et dégrader l'atmosphère, ceci au profit d'une productivité toujours croissante. L'inspecteur Chen est alors en « vacances » dans la contrée touristique de Wuxi, aux bords du lac Tai, privilégié par une de ses relations « Gros-sous » qui lui a offert son séjour dans une des grandes demeures réservées aux grands cadres du Parti. Cette situation démontre encore une fois de plus les nombreux privilèges qu'une partie de la population chinoise (en grande partie masculine) reçoit tandis que de nombreuses familles vivent dans la pauvreté (telle la famille du premier adjoint de Chen, l'inspecteur Yu, qui vit dans un tout petit appartement). Jouant toujours les paradoxes, Qiu Xiaolong installe son héros pourtant modeste et solitaire dans cette situation profitable, lui faisant ressentir une certaine gêne, d'autant plus qu'il ne peut refuser l'offre, risquant de briser son rapport à une relation qui lui permet d'obtenir des informations ou des libertés dans le cadre de certaines enquêtes difficiles.

Au-delà de la critique, l'enquête en elle-même présente peu d'intérêt. Chen suit tous les événements à distance et son dynamique inspecteur adjoint Yu ne fait qu'une brève apparition. Voilà pourquoi, au niveau de l'action et du sens du suspense, Les Courants fourbes du lac Tai déçoit quelque peu, loin du mystère de la Danseuse de Mao, ou encore des nombreuses péripéties de Encres de Chine. La résolution de l'enquête elle-même déçoit, assez classique, comme nonchalamment délivrée par un vacancier. En revanche, se révèle plus intéressante les émois que connaît l'inspecteur à l'égard de Shan-Shan, une jeune chercheuse dénonçant le danger de la pollution dans la rivière. Shan-Shan, beau personnage féminin, donne à la fois des éléments pertinents et engagés sur le rapport à la pollution, car, étant une chercheuse, elle sert d'intermédiaire à de réalistes études sur la pollution en Chine, et permet de construire le personnage de Chen, devenu plus vulnérable, plus hésitant dans ses sentiments. C’est à son propos que Chen écrira tout au long du récit un poème entier, poème d'une grande force, entre la mélancolie et le constat amer de la corruption au détriment d'une nature envoûtante. 

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