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Running out of time 2

Running out of Time 2 (2001)

Un film de Johnny To et Wing Cheong-Law

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Le premier film Running out of Time eut un tel succès que la boîte de production Milkyway se décida à en réaliser un deuxième, une sorte de suite reprenant les mêmes ingrédients du premier opus. Hélas, Running Out of Time 2 ne déroge pas à la règle qui s'abat souvent fatalement sur les suites de blockbusters : le film déçoit par la faiblesse de son scénario et la mollesse des interprétations, bien loin du divertissement jouissif de Running out of Time.

Pour faciliter la lecture de la critique les longues appellations des titres Running out of Time 1 et Running out of Time 2 seront remplacées respectivement par les abréviations RT1 et RT2 !

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Tout d'abord, RT2 part d'un principe totalement différent de RT1 : ce dernier mettait en avant un criminel frappé de la maladie, s'autorisant une partie ambiguë de jeu de chat et de souris avec l'inspecteur Ho, peut-être plus pour trouver un complice l'accompagnant dans un périple sans fin et s'affranchissant de tous codes, juste pour le plaisir et l’adrénaline du pari. Par contraste, le voleur de RT2 s'avère bien plus vicieux et antipathique. N'étant pas limité par le temps de la maladie comme le premier, il fait de cette partie un jeu sadique et coquin plutôt qu'une ultime revanche sur le monde, ne jouissant que de sa propre victoire et n'incluant pas l'inspecteur dans le plaisir de la poursuite (à la différence du premier voleur, qui incitait l'inspecteur à s'amuser autant que lui).

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Cette différence dans le personnage fait que le scénario et la mise en scène s'en trouve modifiés : le voleur étant taquin et dynamique, les idées les plus rocambolesques affluent, toujours dans un décor très urbain, où les escaliers se chevauchent, les couloirs s'échelonnent, et surtout les gratte-ciels aboutissent à des confrontations de haut niveau. En témoigne cette scène finale où le personnage surgit en funambule des gratte-ciels pour récupérer son butin. La mégalomanie du personnage va avec celle de la réalisation, se voulant trop époustouflante (tout le passage avec l'aigle traversant la ville est d'une ridicule confondant), voire pire, épuisant son spectateur tout comme l'inspecteur Ho trimballé de bout en bout de la ville. Les quiproquos et les pièges se suivent sans grande cohérence, agaçant plus. Il n'y a guère qu'une originale course-poursuite prise à contrepied dans les rues, où l'inspecteur et le voleur, tous deux harassés, prennent une pause d'athlète à quelques pas l'un de l'autre. Le film déçoit de plus par la faiblesse des personnages secondaires, pâles répliques des figures propres à Johnny To : le commissaire interprété par Hui Shiu Hung ne ressert que la même suite de grimaces que dans le premier volet ; Suet Lam refait une apparition dans un personnage de loser traînant le même gag à sa suite (le coup de la pièce de monnaie qui refuse de se mettre sur le côté désiré) ; la seule figure féminine du film, Kelly Lin, sert de prétexte à l'intrigue du vol ; et surtout l'inspecteur Ho est incarné par un Lau Ching Wan incompréhensible, mou et insupportable, très loin de ses prestations efficaces de RT1 ou Mad Detective.

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Disons-le ouvertement, la supériorité de RT1 s'impose enfin au vu du casting présent. La différence fondamentale réside dans le choix du malfrat s’ingéniant à tourner en bourrique l'inspecteur Ho. Dans RT1, il s'agissait du génial Andrew Lau, encore jeune à l'époque, qui incarnait avec sa sobriété habituelle ce voleur en phase terminale. Andrew Lau écrase de loin le pâle Ekin Cheung, ce nouveau voleur qui se contente de grimacer et de lancer des sourires coquins à Ho dans RT2. La relation des personnages s'en ainsi trouve totalement bouleversée. Autant Ho sympathisait avec celui qu'il poursuivait, entretenant un rapport quasi-amical inattendu dans le premier volet, autant le second voleur qu'il rencontre lui est foncièrement antipathique dans la seconde partie. Deux figures qui s'opposent, l'un en cancer phase terminale, prêt à tout donner pour mener une ultime partie de jeu à deux, l'autre plus extravagant, imbu de lui-même, aimable et cruel. Il n'y a qu'à voir le rapport que ces deux voleurs entretiennent avec le monde : celui d'Andrew Lau est effacé, discret, prenant avec délicatesse une femme en « otage » dans un bus (il l'enlace pour éviter d'être repéré) ; tandis que celui interprété par Ekin Cheung est un vrai metteur en scène, déclenchant moults explosions, appelant tous ceux avec lesquels il s'amuse, poussant au suicide un policier endetté en jouant à « pile ou face » avec lui.

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Ainsi, Runnning Out of Time 2 s'avère une amère déception dans la filmographie de Johnnie To, un film s'épuisant par ses ressources et dont le seul mérite est de souligner, par contraste, l'excellente efficacité de Running Out of Time

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